Just for fun
Les Tapettes et les mauviettes
Ce que Pierre a de plus beau, c’est son torse. Il y a là, à l’intérieur, tout un monde, tout un univers extrêmement bien rangé. Chaque organe à sa place et dans sa plénitude. Nous étions en train de regarder le documentaire sur le tournage de Marienbad et, affalés lui et moi dans le cuir du canapé, je le caressais comme un chat. Le torse se dépliait considérablement dans toutes les directions pour respirer. Il était proche du sommeil. Nous étions lundi. C’était le sommeil du lundi après la débauche du week-end. Le torse se mouvait comme une marée animée par la lune, par les forces primordiales, la connaissance affalée des grands singes ou des grands sages, l’amour sans considération des dauphins. « Juste une habitude, avait dit Pamela, d’intérioriser la vastitude. » « Le sans-forme holds on all the planets. Le sans-forme est aussi éternel – qu’est-ce que la mort va lui faire ? » Il y a, à Saint-Eustache, une très belle porte que Claude Régy m’avait fait remarquer. C’est en demi-cercle, un demi-cercle creusé dans la façade latérale de l’église. L’une des moitiés de ce demi-cercle est en bois, c’est la porte que l’on traverse, et l’autre, absolument identique, moulurée idem, est en pierre. C’est celle que l’on traverse avec le cœur. Pamela dont l’association, l’église, s’appelle Fellowship of the Heart (j’avais d’abord écris : Art) avait, l’autre jour, utilisé l’image, pour moi bouleversante, du cœur dans la partie droite de la poitrine. « Dis à ce cœur : porte-moi pour toujours. » « L’état naturel a la force de dix mille éléphants », disait-elle aussi. C’est un peu ce que je ressentais en caressant Pierre, son torse, ses bras plus fragiles, avancées liquides, bras de mer, sa nuque mystérieuse, sa tête, ses réseaux. Se laisser caresser est absolument ce que Pierre a toujours fait de mieux. (Depuis le début que j'ai déjà raconté.) S’il n’avait pas cette libido éprouvante, épouvantable, éprouvante comme une maîtresse à servir sans fin, nous serions encore ensemble. Il m’a raconté qu’il n’a pas travaillé sur Barbara ce week-end (comme il me l'avait fait miroiter) parce que lui et son copain ont « sorti » un jeune Russe trouvé sur le site CouchSurfing. C’est-à-dire qu’ils l’ont baisé, qu’ils l’ont sorti après au sauna, qu’ils l’ont rebaisé, etc. Avant de voir Pierre, j’avais croisé, plus tôt dans la journée, un autre homosexuel, François (les prénoms ont, bien entendu, été changés), qui m’a raconté, lui, qu’il avait choppé un p’tit gars au sortir de la piscine des Halles. Enfin, qu'ils s’étaient déjà branchés, eux, grâce au site Grindr (ou à un autre, je ne sais plus) et que le p'tit gars l’avait appelé en sortant de la piscine. François, donc, quand le p’tit gars est apparu chez lui, lui a instamment demandé de remettre son maillot de bain mouillé. Ça l’excitait. Il l’a embrassé, sucé et, pendant qu’il le suçait, il s’est aperçu que le p’tit gars, lui, suçait son pouce. Puis François lui a léché les pieds – et le p’tit gars s’est mis à gémir incroyablement (François’s telling), toujours en suçant son pouce. Ensuite, dans le lit défait, le p’tit gars s’est délicatement mis en fœtus et François l’a enculé (mot prononcé plus bas), cette fois-ci en lui mettant son pouce à lui dans la bouche. Bon. Heureusement que Pierre ne m’a pas donné, lui, tous les détails. (Il a plus de tenue.) François, dont le prénom a bien entendu été changé, avait très peur aussi que je raconte tout ici-même, sur ce blog dont il est l'un des lecteurs. Mais, dites-moi, quand les gens me racontent des choses comme ça, ai-je tort de penser qu’ils ne me les raconte que pour que je fasse l’effort de vous les imprimer ? Je n’en peux plus de ces conneries ! Les homosexuels idolâtrent leur libido, c’est pour ça que je les trouve ennuyeux. Ils la surprotègent. Mais Pierre n’a jamais été très bon au lit. Non, le meilleur a toujours été qu’il se laisse caresser très bien. Comme un animal sacré, un chat, un dauphin, un singe, une vaste vache. « How vast is this intelligence here ? » « Le mental (the mind), par nature est pure intelligence. Il n’est pas contenu dans la tête, il est formless. Du vide qui danse. » Gérard traduisait, assis sur la chaise, en lotus, à la gauche de Pamela, comme un sage lui-même. Il y avait, dans la phrase, le mot « wimpy », « a wimp ». Pamela rebondissait sans doute sur les propos d'un homme qui évoquait les dominants et les dominés, que la société exigeait de lui d’être un dominant ou je n’sais quoi. Et Pamela devait répondre : « Oui, si tu n’es pas comme ça, on va peut-être te dire que tu es un wimpy (ou je n’sais quoi). » Toujours est-il que Gérard a traduit ce mot par « tapette » (il en est une lui-même). Le mot a résonné de manière incongrue dans le satsang (« réunion autour de la vérité »). Il s’est rattrapé, Gérard-chéri (il a été mon assistant sur Vénus et Adonis) et il a cherché le mot exact, c’était : « mauviette ».
Ce que Pierre a de plus beau, c’est son torse. Il y a là, à l’intérieur, tout un monde, tout un univers extrêmement bien rangé. Chaque organe à sa place et dans sa plénitude. Nous étions en train de regarder le documentaire sur le tournage de Marienbad et, affalés lui et moi dans le cuir du canapé, je le caressais comme un chat. Le torse se dépliait considérablement dans toutes les directions pour respirer. Il était proche du sommeil. Nous étions lundi. C’était le sommeil du lundi après la débauche du week-end. Le torse se mouvait comme une marée animée par la lune, par les forces primordiales, la connaissance affalée des grands singes ou des grands sages, l’amour sans considération des dauphins. « Juste une habitude, avait dit Pamela, d’intérioriser la vastitude. » « Le sans-forme holds on all the planets. Le sans-forme est aussi éternel – qu’est-ce que la mort va lui faire ? » Il y a, à Saint-Eustache, une très belle porte que Claude Régy m’avait fait remarquer. C’est en demi-cercle, un demi-cercle creusé dans la façade latérale de l’église. L’une des moitiés de ce demi-cercle est en bois, c’est la porte que l’on traverse, et l’autre, absolument identique, moulurée idem, est en pierre. C’est celle que l’on traverse avec le cœur. Pamela dont l’association, l’église, s’appelle Fellowship of the Heart (j’avais d’abord écris : Art) avait, l’autre jour, utilisé l’image, pour moi bouleversante, du cœur dans la partie droite de la poitrine. « Dis à ce cœur : porte-moi pour toujours. » « L’état naturel a la force de dix mille éléphants », disait-elle aussi. C’est un peu ce que je ressentais en caressant Pierre, son torse, ses bras plus fragiles, avancées liquides, bras de mer, sa nuque mystérieuse, sa tête, ses réseaux. Se laisser caresser est absolument ce que Pierre a toujours fait de mieux. (Depuis le début que j'ai déjà raconté.) S’il n’avait pas cette libido éprouvante, épouvantable, éprouvante comme une maîtresse à servir sans fin, nous serions encore ensemble. Il m’a raconté qu’il n’a pas travaillé sur Barbara ce week-end (comme il me l'avait fait miroiter) parce que lui et son copain ont « sorti » un jeune Russe trouvé sur le site CouchSurfing. C’est-à-dire qu’ils l’ont baisé, qu’ils l’ont sorti après au sauna, qu’ils l’ont rebaisé, etc. Avant de voir Pierre, j’avais croisé, plus tôt dans la journée, un autre homosexuel, François (les prénoms ont, bien entendu, été changés), qui m’a raconté, lui, qu’il avait choppé un p’tit gars au sortir de la piscine des Halles. Enfin, qu'ils s’étaient déjà branchés, eux, grâce au site Grindr (ou à un autre, je ne sais plus) et que le p'tit gars l’avait appelé en sortant de la piscine. François, donc, quand le p’tit gars est apparu chez lui, lui a instamment demandé de remettre son maillot de bain mouillé. Ça l’excitait. Il l’a embrassé, sucé et, pendant qu’il le suçait, il s’est aperçu que le p’tit gars, lui, suçait son pouce. Puis François lui a léché les pieds – et le p’tit gars s’est mis à gémir incroyablement (François’s telling), toujours en suçant son pouce. Ensuite, dans le lit défait, le p’tit gars s’est délicatement mis en fœtus et François l’a enculé (mot prononcé plus bas), cette fois-ci en lui mettant son pouce à lui dans la bouche. Bon. Heureusement que Pierre ne m’a pas donné, lui, tous les détails. (Il a plus de tenue.) François, dont le prénom a bien entendu été changé, avait très peur aussi que je raconte tout ici-même, sur ce blog dont il est l'un des lecteurs. Mais, dites-moi, quand les gens me racontent des choses comme ça, ai-je tort de penser qu’ils ne me les raconte que pour que je fasse l’effort de vous les imprimer ? Je n’en peux plus de ces conneries ! Les homosexuels idolâtrent leur libido, c’est pour ça que je les trouve ennuyeux. Ils la surprotègent. Mais Pierre n’a jamais été très bon au lit. Non, le meilleur a toujours été qu’il se laisse caresser très bien. Comme un animal sacré, un chat, un dauphin, un singe, une vaste vache. « How vast is this intelligence here ? » « Le mental (the mind), par nature est pure intelligence. Il n’est pas contenu dans la tête, il est formless. Du vide qui danse. » Gérard traduisait, assis sur la chaise, en lotus, à la gauche de Pamela, comme un sage lui-même. Il y avait, dans la phrase, le mot « wimpy », « a wimp ». Pamela rebondissait sans doute sur les propos d'un homme qui évoquait les dominants et les dominés, que la société exigeait de lui d’être un dominant ou je n’sais quoi. Et Pamela devait répondre : « Oui, si tu n’es pas comme ça, on va peut-être te dire que tu es un wimpy (ou je n’sais quoi). » Toujours est-il que Gérard a traduit ce mot par « tapette » (il en est une lui-même). Le mot a résonné de manière incongrue dans le satsang (« réunion autour de la vérité »). Il s’est rattrapé, Gérard-chéri (il a été mon assistant sur Vénus et Adonis) et il a cherché le mot exact, c’était : « mauviette ».
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