Saturday, August 13, 2011

dinota

J’attendais dans la nuit que la Corse allait venir. Comme toujours, les choses les plus ennuyeuses traînaient indéfiniment sur un bureau où je ne m’asseyais jamais (mal de dos), croulaient aux pieds des tables et des chaises. Comme je partais très tôt, j’avais eu l’impression que j’allais peu dormir. J’avais donc décidé de ne pas dormir du tout. (C’est maintenant que j’en suis sûr que je me mets à l’écrire.) J’avais vu des choses étranges que je n’aurais sans doute pas connues à l’état de veille. Je voyais, par exemple, un cours métrage de Jean-Luc Godard sur la ville de Lausanne et, là, j’en étais au blog de David Di Nota. Et puis je me baladais sur la toile, il y en avait de belles choses... – qui riment avec la nuit, avec le temps ou la dislocation du temps, allez savoir. Je sentais que la Corse allait traverser la nuit et venir à mes pieds. Je scrutais la photo de David Di Nota, j’étais un peu perdu. Je ne le reconnaissais pas. Y avait-il tant de temps depuis que l’on s’était fâché ? Il avait cessé abruptement toute relation quand je lui eus dit (passé antérieur) qu’il n’était « pas mon genre ». Mais, sur cette photo, il l'était beaucoup plus, il avait l’air d'un militaire. Les premiers de ses livres sont des titres merveilleux : Festivité locale ; Apologie du plaisir absolu ; Quelque chose de très simple ; Traité des élégances ; Projet pour une révolution à Paris. Le dernier livre que j’avais lu de mon ami est aussi le premier qui parle de la guerre, J’ai épousé un casque bleu. David m'avait dit que l'art traite du pire, que le pire est au centre de l'art et que, s'il ne s'y mettait pas, on le prendrait toujours pour un rigolo. Il avait dans la poche, ce jour-là, un fascicule sur le massacre du Rwanda. Il était gardien au Louvre le week-end, pour survivre, à l'époque. Je l'avais connu dans un vestiaire du cours de danse de Wayne Byars. Il avait été danseur à l'opéra (mais ceci, c'était loin, inatteignable). J'avais lu J'ai épousé un casque bleu, je me souviens, quand j’étais avec Hélèna dans ce domaine naturiste, La Jenny, où Raphaël Marre nous avait loué un chalet. Hélèna Villovitch – qui pour survivre, elle, écrit dans « Elle » – est aussi écrivain. Et, moi, j’avais failli me noyer. Et Hélèna l’avait raconté quelque part*. C’était dans les Landes (la mer est mauvaise). Maintenant, je pense à François Stemmer qui m’a demandé si j’écrivais la nuit, oui, j’écris la nuit. Avec les moyens modernes d’absence de lire. François Stemmer travaille à la billetterie de Beaubourg, le week-end. Ça lui fait un mi-temps appréciable.



* A ma différence, Hélèna essaye d’en passer par un éditeur – ce qui fait que ce que j’ai lu n’est pas disponible. Je ne l’ai lu que sur papier.

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