Note pour Thomas
Voici un passage qu’il faut absolument que tu dises. Souligne-le. Tu peux dire exactement les mots, je t’entends. C’est dans le petit bar du port (par exemple le Marengo). Il y a eu de la musique, il s’est laissé aller à suivre (en battant le mesure) ou même à appeler la musique (« les verges de paille du jazz », c’est très beau), il y a eu des moments où l’intensité des impressions acoustiques refoulait toutes les autres, et, en particulier, dans le petit bar, le bruit des voix qui disparaissait celui de la rue – ou celui de la mer.
« Ce bruit des voix avait ceci de très particulier qu’il avait absolument les accents du dialecte. Tout d’un coup les Marseillais ne parlaient pour ainsi dire plus assez bien français pour moi. Ils s’étaient arrêtés au stade du dialecte. Ce phénomène d’aliénation qui pourrait bien se manifester ici, et que Kraus a joliment formulé : « Plus on considère un mot de près, plus il vous regarde de loin. » semble s’appliquer également ici à ce qui est optique. (Optique, le cinéma.) En tout cas, je trouve parmi mes notes cette remarque étonnée : « Comme les choses résistent aux regards. » »
Ensuite, il y a encore une glace au cours Belsunce dans un autre petit café et tu finis sur l’amour et le haschich qui obligent la nature à la dilapidation (le contraire de lapidation) – comme si des pièces d’or lui glissaient entre les doigts, à la nature, et l’oblige à nous jeter dans l’existence comme on jette le bébé avec l’eau du bain – enfin !
Et puis revois aussi le passage important des pavés, il regarde le sol, il avance, il a l'impression qu'il marche sur une grand-route (c'est à dire à la campagne), il n'y a plus que la route et la nuit (et donc que la ville s'est évanouie) et puis ensuite toute cette histoire de l'identique, des nuances à l'identique, et les pierres (que sont les pavés) qui sont comme le pain dont se rassasie son imagination, ce qui lui convient parfaitement, à son imagination (a contrario de l'expression allemande, « donner des pierres à la place de pain »), parce que son imagination, c'est ça l’étrange, a exactement faim d'identique. Ce n'est qu'un exemple, mais il est beau (imagé). Etc.
Et puis le « petit coin » (petit cabanon) dans l’enfer de la dépravation, etc.
« Ce bruit des voix avait ceci de très particulier qu’il avait absolument les accents du dialecte. Tout d’un coup les Marseillais ne parlaient pour ainsi dire plus assez bien français pour moi. Ils s’étaient arrêtés au stade du dialecte. Ce phénomène d’aliénation qui pourrait bien se manifester ici, et que Kraus a joliment formulé : « Plus on considère un mot de près, plus il vous regarde de loin. » semble s’appliquer également ici à ce qui est optique. (Optique, le cinéma.) En tout cas, je trouve parmi mes notes cette remarque étonnée : « Comme les choses résistent aux regards. » »
Ensuite, il y a encore une glace au cours Belsunce dans un autre petit café et tu finis sur l’amour et le haschich qui obligent la nature à la dilapidation (le contraire de lapidation) – comme si des pièces d’or lui glissaient entre les doigts, à la nature, et l’oblige à nous jeter dans l’existence comme on jette le bébé avec l’eau du bain – enfin !
Et puis revois aussi le passage important des pavés, il regarde le sol, il avance, il a l'impression qu'il marche sur une grand-route (c'est à dire à la campagne), il n'y a plus que la route et la nuit (et donc que la ville s'est évanouie) et puis ensuite toute cette histoire de l'identique, des nuances à l'identique, et les pierres (que sont les pavés) qui sont comme le pain dont se rassasie son imagination, ce qui lui convient parfaitement, à son imagination (a contrario de l'expression allemande, « donner des pierres à la place de pain »), parce que son imagination, c'est ça l’étrange, a exactement faim d'identique. Ce n'est qu'un exemple, mais il est beau (imagé). Etc.
Et puis le « petit coin » (petit cabanon) dans l’enfer de la dépravation, etc.
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