La Liberté électrique des illusions
Cher Yves-Noël,
je vais essayer de mettre par écrit ce que je t'ai dit au téléphone, c'est pas facile, bon voilà :
Ce qui me touchait, c'était la radicalité, aller au bout et être porté par un désir si fort que tout le nourrit, il intègre tout ce qu'il touche, tout devient lui, oui, cela, cet état de grâce, on le sentait.
Et puis il y avait ce mot qui me venait, « incarnation », car on aurait dit toute sorte de forces en attente qui trouvaient là à prendre corps brièvement, des personnages en suspens, des histoires ébauchées, des êtres pas finis, des possibles qui auraient pu, qui n'ont pas pu... Et surtout on avait l'impression, en les voyant, de sentir le silence d'où ils étaient sortis, ils avaient la fragilité, la liberté électrique des illusions. Ils apparaissaient et c'est tout un espace qui surgissait, en fermentation, une sorte de cosmos qui se déployait, avec des capacités infinies de disparitions.
Il me semble que c'est cela que je t'ai dit. Il y aurait encore des choses à dire, par exemple sur le « hasard », sur la beauté ou la « grâce » qu'il y a à ne pas pouvoir achever ce qu'on était venu faire, mais bon, je m'arrête là.
Je t'embrasse fort
Laurence
(Mayor.)
Labels: correspondance
0 Comments:
Post a Comment
<< Home