Invitation au retour
« La fiction appartient aux lecteurs »
Spectacle sublime, hier soir. Bon, ok, pour moi, ça l’a tous les soirs été, tous les soirs d’été. Mais ça pourrait s’effondrer. Et certains soirs, ça l’est plus, si on peut le dire, plus sublime encore. Hier et il y a trois jours… On travaille sur la grâce, sur la magie, elle y est plus ou moins. Parfois le grillon chante, parfois pas. Parfois une trompette passe sur l’avenue Franklin Roosevelt, parfois pas, parfois un orage, parfois une nuit, parfois une lumière et tous les jours LA VIE. « LA VIE, seul vrai capital », comme nous dit Hélène Bessette. Il y a une chose que je voudrais avouer maintenant. Nous sommes à mi-parcours, je peux l’avouer maintenant : le spectacle change tous les jours. Ce n’est pas qu’il change normalement, c’est qu’il change radicalement tous les jours. Il n’est pas joué par les mêmes personnes, les mots qu’on y entend ne sont jamais les mêmes (mais d’Hélène Bessette, dits par Valérie Dréville), les actions qu’on y voit n’y sont jamais (ou si peu) les mêmes. D’habitude, mes spectacles sont écrits. Même s’ils ne se jouent qu’une fois, ils sont écrits ; les célèbres avant-premières permettent leur cristallisation. Là, nous avons travaillé (c’est beaucoup plus dur) pour que ces avant-premières ne cristallisent pas et nous travaillons tous les jours pour tout remettre en jeu tous les jours. Pourquoi ? Parce que ce spectacle frôle le réel (fenêtres ouvertes sur la rue, eau, feu, air, terre, plantes, fumées, animaux, insectes, voitures, intempéries, durée, hors champs, jardin, jardin planétaire, tiers-paysage, jardin en mouvement…) ou, dit autrement (à la Marguerite Duras) : parce que ce que nous voulons (j’avais écrit « volons), c’est l’ « état de l’apparition ». C’est ainsi que, moi, si j’étais moi, je reviendrais tous les jours – puisque tous les jours changent et m’émerveillent – c’est ce que je fais.
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