Wednesday, June 27, 2012

« Un spectacle de fin du monde qui ouvre un nouveau soleil »




« (…) c’est donc une adoration parfaite du monde d’avant qui n’existe plus et des éléments qui prennent le dessus : Olivier Steiner, c’est à vous…

– Alors, ouh, là, là, ce spectacle est du vif-argent ! Et qu’on se le dise : toute tentative d’élucidation ou de saisie par la parole ou l’écriture est vouée à l’échec. Autant entrer dans l’inconscient d’une poule ! Hier, c’était radieux. C’était l’été avant l’heure, c’était la fin du monde, c’était post disaster, presque trop chaud et les peaux furent moites. (…) Porte Maillot, nous dépassons Frédéric Beigbeder qui est dans un taxi avec 2 jolies filles. Ils doivent être sur le chemin de Roland-Garros. Jardin de bagatelles, les iris sont en fleurs, les rosiers, j’en parle même pas. Incroyables tiges, formes sexuelles et baroques, couleurs inouïes. Il y a même un iris noir (…) Cueillir les fleurs de Bagatelle, mais autant entrer dans le Louvre et en profiter pour ramasser La Joconde et deux Poussin ! (…) Je déjeune d’un tartare à l’ombre. (…) Sans doute des gens qui s’étaient trompés de salle. Ou de vie. Ou les deux. Je rassure et console Yvno parce que il y a des gens qui l’attendent pour l’insulter. Je lui dis : c’est le succès, la légende est en route. Il faut dédramatiser les départs. Pense à Hernani. Au Boléro, de Ravel. Pense à Patrice Chéreau. Il avait reçu des menaces de mort quand il montait la Tétralogie, à Bayreuth, en 76. J’offre le morceau de pastèque à Dominique Uber. Ses grands yeux ronds et bleus sourient un merci étonné. Tout est nouveau. Tout a encore changé et ce sera comme ça jusqu’au 24 juin. 22 spectacles différents, quand je dis « différents », je veux dire « différents », qui diffèrent, à part, autres, distants, dissemblables, inhabituels, séparés. Je ne parle donc pas de variations ou oscillations dues à l’impro. C’est autre chose. A chaque fois un autre temps, d’autres corps, et une nouvelle histoire. D’ailleurs Valérie Dréville a changé tout son texte (…) Valérie Dréville que j’appellerai désormais Vérité Dréville. (…) Un athlète danseur, jeunesse insolente, réinvente en soirée L’Après-midi d’un faune. (…) Dominique dévore la pastèque. Dominique est juteuse à souhait. Vampirique. So Sex in the city. My God. Marlène fait des apparitions et des disparitions. Marlène Saldana, je l’adore. Comme un péché mignon, je l’adore depuis longtemps. Mais, là, je suis éberlué par la finesse, la discrétion de son jeu. Marlène a 2 sœurs jumelles, la délicatesse et la vulgarité. Je kiffe Marlène Saldana ! Et je reviens à Vérité Dréville. Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. Drrréville est une trrragédienne prrrimesautière. Je fonds d’amour quand elle n’arrive pas à prononcer le mot « ddrrrame » : ddrrrame… ddrrrame… ddrrr… ddrrre… drrrame… âme, dame… drame ? Pique et pique et coulé drrrame… Anne Issermann glisse sur le plateau, monte dans les gradins et chante a capella Smile. (…) « Souris même si ton cœur est douloureux. » Sublime. Yves-Noël demande à ses spectateurs d’avoir du talent. A ses comédiens, il demande d’être. Inversion des rôles. » 

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