Wednesday, August 15, 2012

L’Opéra



Alors de nouveau la forêt vierge, l’amour et l’ennui lentement bougeaient comme une houle, cet océan parfois noir parfois bleu, le livre avait été assimilé, la Terre avançait à bon régime avec tous les oiseaux faisant la musique. J’avais compris que rien était rien et je crois qu’il se profilait de beaux jours, oui, il allait se profiler des automnes de beaux jours aux oiseaux qui chantent… 
Sur le visage, de la fatigue comme une soie…
« Un bref instant, Mikael éprouva la merveilleuse sensation de l’union du corps et de l’esprit. Sa vision devint parfaite et il put distinguer le moindre grain de poussière dans la pièce. Son ouïe devint parfaite et il nota chaque respiration et chaque froissement de vêtements comme s’ils sortaient de haut-parleurs directement dans ses oreilles. »
J’étais un solitaire, il fallait l’admettre. Mais j’avais deux bras, une tête et un cou. Je pouvais me rouler en boule d’aimer. D’ailleurs, la Terre et le jardin, richesse merveilleuse, s’offraient au matin.



Stéphane avait parlé de Philippe Thomas très intimement. Mais Stéphane, non, ne m’avait jamais parlé de Philippe Thomas – là, il en parlait à sa mère. Philippe Thomas, expliquait-il maintenant, des choses un peu secrètes, des entretiens… mais ce qu’expliquait Stéphane était aussi là, sous mes yeux, dans un article de « Libération » que je lisais sur sa tablette, le secret de Stéphane, si bien que je lui dis, oui, c’est écrit là, il était très étonné, il y avait même son nom et des citations de ces entretiens très inédits que Stéphane était allé recueillir sur le lit de mort de Philippe Thomas mais n’avait jamais publiés…
Philippe Thomas est un artiste qui travaillait sur la disparition et je pensais à cet industriel allemand qui, pour cacher sa fille naturelle juive, l’avait engagée comme bonne, au nez et à la barbe de tous, là, devant lui et les autres. C’était aussi une chose que j’avais lu dans le roman populaire, le best-seller, qui, pendant sept cents pages, m’avait extrait du monde. Mais maintenant le livre avait été assimilé, j’avais survécu à sa lecture, le matin était « enchanteresse », l’opéra.
Il y avait des formes dans la nuit, le jour qui s’harmonisaient…

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