L’Opéra
Alors de nouveau la forêt
vierge, l’amour et l’ennui lentement bougeaient comme une houle, cet océan
parfois noir parfois bleu, le livre avait été assimilé, la Terre avançait à bon régime avec tous les oiseaux
faisant la musique. J’avais compris que rien était rien et je crois qu’il se profilait de beaux jours, oui,
il allait se profiler des automnes de beaux jours aux oiseaux qui chantent…
Sur le visage, de la
fatigue comme une soie…
« Un bref instant,
Mikael éprouva la merveilleuse sensation de l’union du corps et de l’esprit. Sa
vision devint parfaite et il put distinguer le moindre grain de poussière dans
la pièce. Son ouïe devint parfaite et il nota chaque respiration et chaque
froissement de vêtements comme s’ils sortaient de haut-parleurs directement
dans ses oreilles. »
J’étais un solitaire, il
fallait l’admettre. Mais j’avais deux bras, une tête et un cou. Je pouvais me
rouler en boule d’aimer. D’ailleurs, la Terre et le jardin, richesse
merveilleuse, s’offraient au matin.
Stéphane avait parlé de
Philippe Thomas très intimement. Mais Stéphane, non, ne m’avait jamais parlé de Philippe Thomas – là, il en parlait à sa mère. Philippe Thomas,
expliquait-il maintenant, des choses un peu secrètes, des entretiens… mais ce
qu’expliquait Stéphane était aussi là, sous mes yeux, dans un article de
« Libération » que je lisais sur sa tablette, le secret de Stéphane,
si bien que je lui dis, oui, c’est écrit là, il était très étonné, il y avait
même son nom et des citations de ces entretiens très inédits que Stéphane était
allé recueillir sur le lit de mort de Philippe Thomas mais n’avait jamais
publiés…
Philippe Thomas est un
artiste qui travaillait sur la disparition et je pensais à cet industriel
allemand qui, pour cacher sa fille naturelle juive, l’avait engagée comme
bonne, au nez et à la barbe de tous, là, devant lui et les autres. C’était
aussi une chose que j’avais lu dans le roman populaire, le best-seller, qui,
pendant sept cents pages, m’avait extrait du monde. Mais maintenant le livre
avait été assimilé, j’avais survécu à sa lecture, le matin était
« enchanteresse », l’opéra.
Il y avait des formes dans
la nuit, le jour qui s’harmonisaient…
0 Comments:
Post a Comment
<< Home