Sensualité
Benoît a connu un garçon qui ne se lavait jamais. C’est-à-dire qu’il ne se trempait jamais dans l’eau. Il lavait ses vêtements une fois par semaine. La crasse était simplement « polie » et, en quelque sorte, lavée par les vêtements. Il ne puait pas, me dit Benoît, mais il avait comme une pellicule de poussière. J’y repense parce que je lis un texte qui a ému Pierre, sur la vermine. Et un petit gamin moyenâgeux qui lave ses vêtements pour s’en défaire sans penser à se tremper, lui, dans la rivière… Moi, j’ai renoncé à me savonner depuis quelques années. Je ne me lave qu’à l’eau. C’est devenu une habitude. Je me shampouine encore, mais j’ai entendu parler d’un coiffeur, à New York, qui ne se lave jamais que d’eau chaude. (Un coiffeur de stars.)
Je suis chez ma mère. Je dis « chez ma mère » parce que Benoît qui allait réellement chez la sienne (ses parents
sont séparés) m’a déposé sur la route à Bourg-en-Bresse. Mais mon père est en
Bretagne pour des travaux. Ma mère est donc seule. C’est très rare que je sois
en relation avec un seul de mes parents. Pour mon père, ça n’est vraiment
arrivé, sauf quand il vient jouer pour moi à Paris, qu’à l’hôpital où il se
reposait après un triple pontage. Dans la banlieue de Lyon. Ma mère se déplace
dans la maison comme un animal. Moi, je suis replié dans ma chambre comme à
l’adolescence. Il n’y avait pas Internet à l’époque. La chambre est désormais
vide sauf l’ordinateur, ses petites touches qui crépitent.
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