« Tu brilles encore
pourtant, soleil des cieux ! Et toi, terre sacrée, tu verdis encore !
Et les fleuves bruissants vont encore à la mer, et les arbres ombreux
frémissent dans le midi. Le chant d’allégresse du printemps berce et endort mes
mortelles pensées. Toute la plénitude de la vie universelle nourrit et rassasie
d’ivresse mon être affamé.
O Nature bienheureuse !
Je ne sais ce qui m’arrive quand je lève les yeux devant ta beauté, mais toute
l’allégresse du ciel est dans les larmes que je pleure devant toi, tel l’aimé
devant son aimée.
Tout mon être se tait et tend
l’oreille, quand l’onde délicate de la brise caresse ma poitrine. Perdu dans le
vaste azur, je lève souvent les yeux vers l’éther et contemple intensément la
mer sacrée, et il me semble alors qu’un esprit parent m’ouvre ses bras, et que
la douleur de la solitude se dissout dans la vie de la divinité.
Ne faire qu’un avec le Tout,
c’est la vie de la Divinité, le ciel de l’homme.
Ne faire qu’un avec tout ce
qui vit, plonger dans la félicité de l’oubli de soi en revenant dans le Tout de
la nature, voilà l’ultime sommet des pensées et des joies, la cime sacrée, le
lieu de l’éternelle quiétude où se dissipe la lourde chaleur de midi, où la
voix du tonnerre se tait, où la mer bouillonnante s’apaise et se fait aussi
ondoyante qu’un champ de blé.
Ne faire qu’un avec tout ce
qui vit ! A ces mots la vertu dépose son harnais de courroux, l’esprit de
l’homme dépose son sceptre, et toutes les pensées s’évanouissent devant l’image
du monde éternellement un, comme les règles de l’artiste qui se bat avec son
œuvre s’effacent devant son Uranie, le dur Destin d’airain renonce à dominer,
et la mort fuit les êtres unis par une alliance : un lien plus fort que
toute puissance de séparation et une jeunesse éternelle rendent le monde plus
beau. »
Labels: stage
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