Art happens...
Art happens. L’art est une chose imprévisible. A quelques jours de se séparer, des choses surgissent. Des formes, c’est beaucoup dire, la naissance des formes – plus intéressant.
On se connaît et on ne se
connaît pas. Mais.
Mais une confiance –
évidemment – évidemment, c’est le mot et la chose – une confiance, on ne peut
pas le nier, s’installe. Quelque chose roule tout seul. On me fout la paix. Je
fais partie des meubles.
Mais ça travaille.
On me fait même confiance.
Car ça travaille. On fait la différence entre travailler et ne rien foutre. On
est forcé de reconnaître. On admet. L’imagination galope. Ça roule, ça se
bouscule, c’est une question de pourcentage. Soit vous vous arrangez pour
travailler au moins à cinquante pour cent, soit vous passez à côté. Ça ne passe
pas à côté. En plein dedans.
Nous sommes nombreux. Une
troupe infinie. Un milliers de moines, un milliers de religions. Je ne peux pas parler de tous, j’en perdrais en
chemin. Un travail d’extrême haleine. Ce n’est qu’un blog, ici. Tout le monde,
au cocktail (départ d’Arnaud), ne parlait que de ça : « La Môme, la Môme, j’ai regardé la Môme, je veux faire une scène avec la Môme, la Môme ceci,
la Môme cela. » Mais la Môme (Geoffroy Rondeau), ça fait des jours et des
jours qu’il creuse la même chose – aimer une chose suffit, a dit Peter Handke –
plutôt que de changer à chaque fois, contentez-vous de peindre des pommes, mais
de le faire bien (comme Cézanne). Creusez, creusez ce que vous aimez !
Faites de la place pour ce que vous aimez ! Vous ne savez pas que vous
l’aimez : aimez-vous ! Je vous aime bien, moi – et je m’aime aussi.
Et puis aimez vivre ; tiens voilà que je suis en train d’écrire la Lettre
à un jeune poète ! Aimez vivre, c’est indispensable.
Je m’excuse et aussi
vis-à-vis de moi-même : je ne peux pas décrire ce qui est en train de
naître. C’est naissant. On ne saurait que si le public le voyait. Moi, je sais,
mais je ne peux pas le décrire.
Parlons d’autre chose. Je
trouve affreux ce qu’il se passe dans le monde. Bernard Arnault. Ou la manière
de le présenter. Ou toutes ces choses que je ne comprends pas.
Ce que je vois sous mes yeux,
je le comprends. Je ne sais pas pourquoi, mais je constate qu’on me fout la
paix. Au moment où ça naît, je vois que je le vois et que je le comprends. C’est réciproque.
C’est que je fous la
paix aux autres – et à moi-même. « Cesser de faire le gendarme pour soi et
pour les autres », disait Deleuze reprenant un slogan de mai 68. C’est
dur, ça arrive quand les gens sont « à son affaire ». « Tout ça
ne serait pas arrivé si les gens faisaient leur métier », écrivait Matisse à son fils au moment de la guerre. « Faisaient leur métier comme Picasso
et moi faisons le nôtre. »
Sensualité de cette troupe, c’est tout ce que je
peux dire. Ils vont me manquer. Labels: stage
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