« Show me the place where the word became a man »
Finalement, je vais m’habituer à ETRE A PARIS. Parce que Paris, c’est qqch. Je veux dire, c’est pas seulement Paris, c’est aussi qqch. Je le vois en marchant avec Olivier Steiner. Les petits Parisiens. Eh, bien, les petits Parisiens du samedi après-midi, ils n’existent nulle part ailleurs qu’à Paris... Ils sont moches et charmants, ils n’ont aucune beauté sauvage. Ils sont névrosés, farouches, archi-modés... MAIS PARISIENS...
Olivier reviens – des toilettes,
peut-être ? – enfin, il reviens très excité, déterminé. Nous sommes
en terrasse, en face des Cahiers de Colette, au Bouledogue. « J'ai une idée, tu vas la noter, elle est géniale.
Tu vas mettre une annonce sur
facebook :
« Cherche collectif de
nègres sans ego pour écrire un livre sur moi. Envoyer texte à telle
adresse… » »
Je note très vite, je passe à
la première personne : « Moi, j’écris mes remarques, mon avis, je
valide ou pas et j’envoie le tout à Liliane. C’est comme de l’autofiction
collective. Avec peu de frais, t’as un
livre génial ! (Ah, là, je suis repassé dans la peau d’Olivier Steiner.)
D’ailleurs, ça peut être le genre. Au lieu d’écrire « Roman »,
« Fiction », tu mets : « Autofiction collective »,
t’inventes un genre. Pas mal, hein ? »
(Olivier revient des toilettes : « Je
viens d’avoir une idée, tu vas la noter, elle est géniale, sors ton carnet ! »)
« Les narcissiques, ça va les déranger qu’il
n’y ait pas leur nom, mais ça va autoriser aussi d’autres personnes à écrire – parce
que ça décomplexe aussi. Mais faut pas qu’il y ait les noms parce que ça ferait
recueil ringard… Une quarantaine d’auteurs… Construis le livre d’une telle façon que
tu ne sais pas qui parle, tu mélanges tout comme si c’était un seul texte. Cf
le livre de Colette Godard sur Patrice Chéreau. » Et Olivier me parle de
ce livre que Colette Godard voulait écrire avec Patrice Chéreau. « Et
Patrice n’avait pas envie, comme toi, de se replonger dans le passé. Alors il a
eu l’idée de dire à Colette Godard de lui envoyer les textes qu’il annoterait. » Olivier dit que le livre est très agréable parce que les textes
journalistiques de Colette Godard se tiennent et qu’ensuite Patrice Chéreau
fait entendre une autre voix, la sienne, qui dit : « Ce n’était
pas exactement ça… Il s’est passé ceci. Dans mon souvenir… Ce que j’en
retiens… » J’oublie de prendre le livre aux Cahiers de Colette (mais
Olivier me dit qu’il me le passera). Ensuite, j’ai une idée de performance. Il
y a une exposition au Grand Palais qui s’appelle « Bohème », qui va
commencer (mais qu’Olivier a déjà vue, je crois). Alors, je propose cette
performance : Aller vendre à la criée, Bohème, le roman d’Olivier publié il y a quelques mois. Mais
Olivier me répond, un peu triste : « Si tu le trouves… il est en voie
d’épuisement. – Quoi, déjà ? Mais à combien d’exemplaires l’ont-ils
tiré ? – Trois milles. – Oh, mon Dieu, c’est pas beaucoup… Et
Aurélien Bellanger ? – Dix milles. » Ensuite, Olivier me donne le
montant de l’à-valoir que Christine Angot a touché au mois d’août. PLUSIEURS CENTAINES D'EUROS. (Je ne me souviens plus : plus de deux cent milles.)
« Mais, alors, ils savent d’avance que ça va faire un succès ? – Ah,
oui. ILS MISENT. »Labels: paris livre
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