Olivier Steiner écrit à Aurélien Bellanger
(auteur de La Théorie de l’Information)
Cher Aurélien Bellanger, il y
a quelques mois j'ai publié un petit livre qui parle d'amourre et autres
nervosités romantiques, un vieux sujet, rebattu et tout et tout, vieux comme le
monde et vieux comme le plus vieux métier du monde. Cet été l'on m'avait parlé
de vous, pour me prévenir en quelque sorte, l'on m'avait dit que vous étiez et
seriez mon « exact opposé », que tout allait m'énerver chez vous, de
votre insolente jeunesse au clair de vos yeux, de votre sérieux à votre
épaisseur discrète. Forcément, ça m'a intrigué. Hier soir, insomnie oblige,
j'ai commencé de plonger dans votre foisonnante Théorie de l'information. Eh
bien je peux vous dire que « on » est un con. Ou alors
« on » a peu d'imagination, ce qui revient au même. Non seulement
j'aime beaucoup ce que je suis en train de lire mais je suis même emporté.
J'aime beaucoup et je ris. De ce rire nerveux qui vous prend parfois par
surprise quand on lit Proust, rire qui est aussi une bouffée d'air frais alors
qu'on étouffe sous le poids d'un réel trop informatif. Voilà. Je ris et
j'apprends, je voyage dans le temps et je m'informe. Tout ça pour dire que
« on » pensait que je serais jaloux de votre « gros »
tirage, de tout ce foin qu'on allait vous servir dans cette maison qui est un
peu notre écurie – écurie dans laquelle les chevaux ne sont pas tous nourris de
la même façon et tant mieux – « on » pensait que je n'aimais que les
déclarations enflammées alors que je kiffe la thermodynamique, « on »
pensait que je ne n'aimais que le lyrisme alors que je kiffe les algorithmes,
« on » pensait que mon protocole n'était que compassionnel alors
qu'il est aussi http. De la même façon, j'aime tomber dans les puits nodaux, me
promener dans la théorie des graphes car dans la vie, même la nuit, il n'y a
pas que les « je vais et je viens, entre tes reins ». Tout ça pour
vous dire bravo pour ce gros grand livre. Bien à vous, OS
Si tu as le temps de corriger
dans ma lettre à Aurélien B., on dit sujet rebattu et pas rabattu ! Quelle
honte ! et ça publie chez Gallimard, tu vois le genre…
Bises, à vite, O
Labels: correspondance
0 Comments:
Post a Comment
<< Home