Mais qui lit Proust ?
Nerveux, furieux à cause de
qqch. Oh, il n’y a pas à
tortiller. C’est parce que j’ai quitté Bébé. J’ai quitté Jérôme Bel et Cecilia
Bengolea, mais j’ai quitté Bébé… J’ai jeté Bébé avec l’eau du bain, c’est là où je voulais en venir…
Oh, comme les ciels sont
vastes ! C’est donc cette terre. C’est donc toujours la même… Cette terre,
ces ciels, ces soleils… on roule vers le Sud à bride abattue.
Je ne veux pas fuir, je veux rencontrer. J’ai rencontré Bébé, je le fuis. Ça ne va pas.
Enfin, je vais me calmer… Des Bébé, dix de perdus, un de retrouvé ! Non, c’est le contraire. Enfin, tout de
même, c’est cette même terre… ce paysage désert… ces ombres… en ombres
chinoises… cette petite végétation clairsemée qui attend la nuit… momentanément clairsemée… L’époque sourit, la mort rôde. En
Norvège, là-haut, quelqu’un se noie à n’en plus finir. Il n’en finit pas se
noyer. Ça hante, ça hante… et ça roule vers le Sud. Oh, comme ça roule
bien !
Le long des longs soleils
dont la couleur atteint le cœur en fines lamelles… Le vieux ciel doré, dragée, vieux ciel en couleurs. Le vieux ciel pas en noir et blanc.
Tous ces livres à lire,
livres qui ne disent rien. Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Reprenons celui-ci, celui-là.
Tout n’est qu’une question d’imagination. Ne rien faire. Les petites lumières
électriques prises dans la ville, prises dans le soleil. Le soleil, c’est Bébé,
l’herbe, c’est Bébé, la lumière, c’est Bébé – et Sébastien aussi est très chic
dans ce jardin ! Bébé est une descente de lit, est un tapis mousseux.
« Mousseux » me fait penser au petit fascicule sur le champagne qu’il
m’a offert. Lire en priorité les cadeaux de Bébé. (Je crois que le monsieur
devant moi lit le film de Ken Loach sur le whisky.) Je pense à l’écriture comme
à la peinture. Je pense à Francis Bacon. Disait qu’il était émerveillé de la
facilité de la peinture à l’huile, la facilité à travailler la peinture à
l’huile. Qui ne sèche jamais. Moi aussi, je suis ému de la facilité à
travailler avec les mots, le langage. Les mots et le langage aussi ne sèchent
pas. Pas tout de suite. Presque jamais.
Par exemple, le mot
« Bébé ». Imaginez que le mot « Bébé » finisse par se
tarir. Ça ne se peut, ça ne se peut. Voyez, le mot « Bébé », on
pourra toujours le retravailler aujourd’hui ou demain. Ou dans une semaine. Ou
dans quinze jours. Le mot « Bébé ». Le mot « Sébastien »
est un peu moins fluide, mais très mignon, quand même, si on y pense… Le mot
anglais « Sébastien », le mot anglais « Bébé »… Les trains
ne s’arrêtent pas, ne s’arrêteront jamais. Jamais.
(J’avais dessiné une
couleur : Les Bleus à l’âme,
de Françoise Sagan. Bébé, je te veux, je te prends, je te vole ! je
t’étreins !… Et les chaudes montagnes enveloppées dans votre main…
Emmitouflées comme le rêve d’un matin. Une neige... – ici, Dominique comme quand je ne la connaissais pas...)
Labels: bébé
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