Faiblesse et presque peur en lisant le poème Christabel
Il y a un état – une étape,
un étage – où écrire est le mal – si on peut dire – où écrire se rapproche – se
rapproche comme du feu (ce ne sont que des approximations) – se rapproche de non
écrire – le moment où – rien – dans la vie : rien. Le moment maudit, le
moment interdit. Vous ne pouvez rien dire de où vous êtes sur cette terre ou
dans quel état – vous n’avez plus forme humaine. Presque. Presque plus. Il ne
s’agit pas de publier, alors, à ce moment… D’ailleurs, la société vous effraye.
Vous vous êtes isolé – mais, soudain, depuis combien d’années ? La solitude
à peine amenée* (comme un soulagement) vous déplaît. Vous êtes proche du mal.
Le mal dont vous ne savez rien – dans l’histoire de Dieu. Problème insoluble, problème irrésolu… Vous êtes
dans un château. Pas une brique, pas une tente – un château. Pas un pigeon, pas
une tente, pas un carton de bohémien – non, vous êtes dans un château. Pas un
manoir normand – un château. Il fait froid, il fait chaud. Les portes et les
fenêtres sont ouvertes. Ce n’est pas l’été et ce n’est pas grave. Vous vous
emportez.
« Plus tard, Victor Hugo
dirait que le monde devait être imparfait, parce que s’il était parfait il se
confondrait avec Dieu, la lumière se perdrait dans la lumière. »
« D’après ce qu’Irénée
expose de leur système, les gnostiques avaient imaginé un premier Dieu. Ce Dieu
est parfait, immuable et de lui émanent sept dieux, qui correspondent aux sept
planètes – le Soleil et la Lune étaient considérées comme des planètes à cette
époque – et dont émanent à leur tour sept autres dieux. Ainsi se constitue une
sorte de haute tour de trois cent soixante-cinq étages. Cela correspond à une
vision chronologique, aux jours de l’année, mais, quoi qu’il en soit, chacun de
ses conclaves de dieux est moins divin que celui qui le précède, et au niveau
le plus bas la fraction de divinité tend vers zéro. Or c’est le dieu de ce
dernier étage qui crée la terre, voilà pourquoi on y trouve tant
d’imperfections : elle a été créée par un dieu qui est le reflet du reflet
du reflet du reflet, etc., d’autres dieux plus élevés. »
Il y a toute cette eau qui
coule en permanence, comme une cascade…
*amorcée.
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