Le Temps de nuit
Françoise Sagan parle de sa
disponibilité à « ne rien faire » et comme c’est important. C’est, en
fait, « la liberté ». La vraie. Mais c’est très rare, dit-elle, que les gens y
arrivent. Elle a l’impression qu’elle, elle en est capable. Marguerite Duras,
elle, n’en était pas capable, elle l’a assez dit (« Si j’avais la force de
ne rien faire… ») Je dis ça à Alexandre Barry après la représentation de
l’autre soir (La Barque le soir)
et il me montre Claude en disant : « Lui non plus. »
« Il est très difficile
d’être très paresseuse car cela suppose d’avoir assez d’imagination pour ne
rien faire, ensuite d’avoir assez de confiance en soi pour n’avoir pas mauvaise
conscience de n’avoir rien fait, et enfin d’avoir assez de goût pour la vie.
Afin que chaque minute qui passe semble suffisante en elle-même sans qu’on soit
obligé de se dire : j’ai fais ceci ou cela. Ne rien faire implique d’avoir
de très bons nerfs et que la considération des autres, le fait de se prouver à
soi-même qu’on est capable, sont des lettres mortes. »
« Mon passe-temps
favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre mon temps,
perdre mon temps, vivre à contretemps. Je déteste tout ce qui réduit le temps,
c’est pourquoi j’aime la nuit. Le jour, c’est un monstre, ce sont des
rendez-vous. Le temps de nuit, c’est une mer étale. Cela n’en finit pas. J’aime
voir le lever du soleil avant d’aller dormir. »
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