A caballo regalado no se le miran los dientes
Je crois que c’est Paris que vous habitez.
J’ai fini par quitter l’hépatite A pour une maladie moins noble, celle de tout le monde en ce moment, la crève dure et crève que m’ont passée les garçons, au moins l’un de tous, tout le monde l’avait (je ne voudrais pas donner des noms)... La question de faire des tests pour des maladies invraisemblables (et nobles) ne se pose plus. Je suis affalé au lit dans la misère old-fashioned déjà vue déjà vécue...
Je voudrais l’antidépresseur de Clément, ça le met dans un état euphorique et drôle, — brillant, — il a l’air d’un jeune riche de la jeunesse dorée en vacances. Il dit que ce n’est pas seulement cet antidépresseur, mais tout un tas de gens et de thérapies qu’il fait en ce moment. J’ai retenu l’acupuncture avec le docteur Cludy à Bréguet-Sabin (60, rue Saint-Sabin) au 01 43 38 72 66. Mais j’ai noté aussi le nom de l’antidépresseur : le Séroplex. « Le Séroplex, ça te lance la sérotonine », expliquait Geoffroy avant de sombrer, de tomber littéralement sur place comme s'il avait eu sa dose — ça aussi, admirable ! On le couvrait de vêtements et de couvertures pour la nuit : d’une seconde à l’autre, il n’était plus là, sdf en position drapée, encartonnée. Geoffroy qui nous avait raconté sa rencontre amoureuse, à Saint-Etienne, la rencontre de l’homme avec qui il est — et qui avait développé le devenir de cette histoire en disant : « Que ça commence mal ou que ça commence bien, je sais que j’ai rendez-vous avec le plaisir *. » Il ne disait pas « orgasme », mais il parlait comme à « Aujourd’hui Madame » — ou alors on l’imaginait à la télé du matin (comme cette émission n’existe plus). Audrey Vernon écoutait cette histoire émerveillante qui était en plein dans son domaine de prédilection mais qui la déportait sans doute de sa tragédie personnelle. C’était joli de voir son intérêt. Moi, l’histoire de Rondeau me rappelait celle de La Bocca del Lupo que Jeanne Balibar m’avait montrée — et apprise pour le spectacle 1er avril. Une transexuelle camée qui rencontre le grand amour dans une prison. Quelqu’un me disait que Gabriel Orozco a une maison sur la côte pacifique du Mexique (avec une piscine en forme de conque) (taillée dans la roche). Je projetais de lui écrire un mot pour passer (alors que je ne le connais pas — je disais : « Au Mexique, c’est pas comme ici, les relations sont plus simples, plus vraies. ») J’avais eu plusieurs idées de spectacle : Werther, à La Java, avec des travelos. Un autre spectacle avec uniquement des gens très laids et, pour finir, parce que je regardais maintenant un montage du premier épisode de Lost sans les personnages, uniquement l’île vide avec le « dramatisme » de la manière de tourner, — un spectacle, encore à La Java, sans personnages visibles, uniquement du son et de la lumière un peu comme j’avais fait au TCI, mais, là, avec Jeanne Monteilhet qu’on entendrait chanter, qu’on croirait peut-être apercevoir (comme si elle était dans la même pièce sans qu’on la voit), mais qu’on ne verrait effectivement jamais, idéalement sans qu’on s’en aperçoive comme ce film où l’on voit Michael Lonsdale toujours de dos sans que cela soit appuyé, de telle sorte que, pour ma part, en tout cas, je ne l’ai remarqué que presqu’à la fin du film, qu’on ne l’avait jamais vu de face. A déjeuner, Yuval (malade comme un chien : allez, je dénonce !) me montrait encore une fois son scénario et je recopiais des phrases comme :
« Notre héros entre dans les « terres familières et inconnues de la solitude » et commence le dialogue pré-historique entre l’homme et Dieu : « Pourquoi ? » »
Ou bien :
« Un beau jeune homme s’approche... Maman aurait approuvé si elle avait su que la vie ne vaut d’être vécue qu’avec de l’amour dans le cœur et dans le slip. »
Mais Geoffroy, comme souvent dans un état d’extra-lucidité, avait dit le meilleur. C’était pour une définition de l’amour :
« Moi, je dis que c’est entre être bête et être. »
Oui, c’était la meilleure définition de l’amour que je connaisse ! N’est-ce pas Audrey que tu valides ?
(Tu étais déjà partie avec tes bébés tigres...)
* Je m'aperçois aujourd'hui qu'il s'agit du slogan d'une publicité pour je ne sais quoi, du beurre, on dirait, ou des biscottes : « vous avez rendez-vous avec le plaisir ». Comme tout bon travelo qui se respecte, Geoffroy Rondeau puise ses sources dans la culture straight.
« Notre héros entre dans les « terres familières et inconnues de la solitude » et commence le dialogue pré-historique entre l’homme et Dieu : « Pourquoi ? » »
Ou bien :
« Un beau jeune homme s’approche... Maman aurait approuvé si elle avait su que la vie ne vaut d’être vécue qu’avec de l’amour dans le cœur et dans le slip. »
Mais Geoffroy, comme souvent dans un état d’extra-lucidité, avait dit le meilleur. C’était pour une définition de l’amour :
« Moi, je dis que c’est entre être bête et être. »
Oui, c’était la meilleure définition de l’amour que je connaisse ! N’est-ce pas Audrey que tu valides ?
(Tu étais déjà partie avec tes bébés tigres...)
* Je m'aperçois aujourd'hui qu'il s'agit du slogan d'une publicité pour je ne sais quoi, du beurre, on dirait, ou des biscottes : « vous avez rendez-vous avec le plaisir ». Comme tout bon travelo qui se respecte, Geoffroy Rondeau puise ses sources dans la culture straight.
Labels: paris
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