Sunday, February 10, 2013

L'Ordre et le désordre


Il y a quelque mystère à mettre en ordre. C’est ce que nous faisons tous. Les artistes. Et peut-être les autres aussi. Sûrement les autres aussi. Les animaux aussi. Les singes. Je vois des films, je vois des tableaux, j’écoute peu de musique, je ne peux pas tout faire, et je n’apprends pas l’espagnol non plus. Et je n’apprends pas à danser la salsa. Et je n’écris pas le livre qu’on m’a demandé (ça, peut-être un peu quand même) et je ne lis pas assez de ces livres qui me donnent pourtant tant de plaisir (Virginia Woolf, Jean-Jacques Rousseau, Pierre Guyotat). Souvent, quand je suis fatigué, j’ai la force, pour m’endormir, de lire un conte de Grimm puisque un charmant acteur de chez Marion Camy-Palou, un Chinois, Simon Ane Som, a eu la gentillesse de me prêter le livre après le spectacle. C’est merveilleux, ces contes merveilleux ! Carlos Reygadas est à Paris il a donné une « masterclass » tout à l’heure, en fait, un débat. Il a parlé du réalisme. Que son cinéma était un « entonnoir » qui capturait le réel ou bien le plus possible du réel et je le ressens comme ça, son cinéma, en effet. Le soir, il avait choisi de nous présenter le film d’Harmony Korine, Trash Humpers — que j’ai beaucoup aimé. Il m’a fait penser à Ryan Trecartin (le génie que Marlène m’avait amené voir il y a un an à l’Arc). J’ai écrit ça pendant le film dans mon carnet (et j’ai fait qq photos) : 

L’Amérique ne ressemble à rien d’elle-même et de ce qu’on en voit sauf dans les films d’Harmony Korine où — eh, bien — enfin, le réel dont l’Amérique est si dépourvu dans sa névrose (phrase non finie). Harmony Korine et aussi le type qu’on avait vu avec Marlène, Ryan Trecartin. Mais y a encore mieux que Harmony Korine, c’est Ryan Trecartin. La punition américaine dans un espèce de paradis, d’état de nature, d’éden finalement (jour / nuit) et cette continuité du paradis et c’est un paradis mort d’objets de consommation et alors que faire ? — quand tout vous est donné, la joie, la misère, tout, tout vous est donné. Il y a des petites cases, des petits clapiers, on organise tout pour rien. Il y a des cases de toute façon, mais ça ne sert à rien — bonheur et misère pour tous — et saisons — et la vie est trash, on a merdé notre paradis, mais c’est le paradis et c’est la vie. Qu’est-ce que vous voulez dénoncer ? Constater, c’est dénoncer, mais dénoncer quoi, dénoncer Dieu ? On peut toujours dénoncer Dieu, ça, ça mange pas de pain et c’est toujours ça de fait — white fruits. Pour comprendre ce film, il faut bien entendu ne pas croire en l’au-delà. Il faut croire que le paradis — ou le purgatoire — ou l’enfer — est notre présence sur terre dans le jardin trash, le jardin à ordures. Alors, le voilà, le paradis. Jour / nuit. Tout est filmé — par des caméras de sécurité. Peu importe la qualité, l’important, c’est que ce soit filmé, en permanence ; visionné, monté, non ; filmé en permanence et les couleurs que cela donne, par hasard, sont belles. 

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