Sunday, February 10, 2013

Le Cinéma somptueusement réaliste de Carlos Reygadas


Carlos disait ce qu’il m’avait déjà dit : qu’il ne faisait le plus souvent qu’une prise — ou très peu —, mais l’extrait qui était montré (Bataille dans le ciel, dans le métro) montrait une telle complexité (...) Le storyboard,  le découpage sont très précis, le minutage. Avec ce système de réception tout est préparé sauf ce qui va arriver (comme les passants dans le métro). Pour Carlos Reygadas, le film est plus que ce qu’il projetait. Il reçoit plus. Dans la vie réelle, on apprend les choses lentement, par petits bouts, et puis on finit par savoir ce qui se passe. Il essaye d’avoir la même approche avec son cinéma. Dans un espace ouvert (recevoir). Il a toujours écrit des scénarios techniques, pas littéraires, comme si on était en train de voir le film. Storyboard : comment chaque plan va fonctionner avec le précédent et le suivant — comme un plan d’architecte. Préparer tout pour qu’on n’improvise pas parce que, de toute façon, on va improviser. « Mes films : le contenu est du documentaire et, la forme, c’est de la fiction. Oui, j’aime beaucoup que les choses que je vois soient vraies (ça, c’est une question philosophique). De mon point de vue, la question n’est pas d’être informé, mais de rentrer dans la vie, à ce moment-là, dans la sensation. Je ne veux pas faire un film pour faire du théâtre. Ce serait con de demander à un peintre pourquoi il ne peint pas des acteurs. De mon point de vue, le cinéma n’est pas l’art pour les acteurs. De mon point de vue, ce n’est pas les acteurs qui construisent le film, mais le réalisateur. » Mais, contrairement à Bresson, laisser passer la personnalité des gens. En général, ce que l’on ressent dans le film est très proche de la réalité des personnalités. « Si vous le trouvez antipathique dans le film, il est fort probable que vous le trouverez antipathique dans la vie. » Réalisme : ce qui est là-dedans, on le prend pour, après, fictionner. Le réalisme : aussi le rêve, le futur imaginé, etc. Le présent conscient n’est qu’une partie de la réalité. Il y a plusieurs niveau de réalité (même la réalité qu’on ne voit pas). Dans ce sens-là, Carlos Reygadas se permet de réinterpréter la réalité (flou, cadre...), mais c’est la matière qui reste réaliste et aussi la valeur finale. « Je veux rester fidèle à ce que je perçois comme vrai. »

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home