(Dans le train)
Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles étaient allées voir ta pièce à cause de ce que j’avais dit ou écrit en parlant de toi, c’était assez agréable de constater que ce « lobbying » portait ses fruits... Y a un frémissement, plus qu’un frémissement, en France, tu dois le constater (l’écoute était si belle, hier, dans la salle). Je n’ai entendu aucune méchanceté, hier soir, au contraire une « grande émotion inconnue ». Une estime à ton égard. Une admiration de la qualité de cette dernière pièce dont la réussite, je t’ai dit, m’a surpris (puisque arrivée « magiquement ») (comme la « vraie » vie qui n’arrive, toujours, que surprise, mais qui peut aussi se laisser désirer). Sébastien Roux veut que nous fassions un stage ensemble, il t’en a parlé, mais je me demande comment il va pouvoir articuler ça parce que tu es tellement secret, tellement sorcier, moi, je suis la transparence et l’ouverture à côté de toi qui travailles précisément à construire cette ouverture, à la définir, presque comme Mallarmé voulait définir le monde par un livre, intellectuellement. De plus, je crois que Sébastien n’a vu aucune de tes pièces et ne se rend pas très bien compte. (En parler, même avec mon enthousiasme, ne peut certes pas rendre compte des choses.) Bref, tu restes le chorégraphe avec qui j’ai le plus envie d’ « échanger », mais réunir des stagiaires pour ça me semble un peu effrayant. (Je pourrais être ton stagiaire.) Martina m’a parlé d’une pièce de toi qui était sa préférée, Paysage sous surveillance, d’Heiner Muller, et Mikael a dit qu’elle allait être redonnée à Brême, tu me diras quand ?
Je t’aime et t’embrasse, ému par ton amour paradoxal — et la beauté des interprètes inconnus à eux-mêmes que tu réunis et qui ne sont que contours de vide (matière, certes, mais si délayée dans l’Ouvert...) Envoie-moi le texte sur le dressage, si tu le retrouves... (même en allemand). Je t’embrasse du paysage neige et Bretagne,
Yves-Noël
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