Monday, March 25, 2013

La Gauche


« En effet, j’ai tout entendu et j’ai tout lu. Dans « Le Monde », des éditeurs, libraires, attachés de presse, auteurs rédigent et signent des pétitions parce qu’une maison comme Stock, qui a édité Zweig, s’abaisse à publier ce livre infâme… Et le misérable, c’est moi. Et puis il y a ces auteurs, certains parmi mes auteurs, qui s’indignent parce qu’ils partagent la même couverture bleue que Marcela Iacub… Alors, je me suis demandé, et ça, ça m’a légèrement troublé : combien de signataires de droite et combien de gauche pour ce truc ? Et force est de constater qu’ils sont tous à gauche. C’est tout de même pénible. Mais évidemment, ils appartiennent à cette gauche qui, elle, a choisi le bon côté du flingue, à cette gauche des nantis qui tient les médias et l’édition. A cette gauche qui prétend savoir ce que c’est que la littérature, puisque la littérature, c’est forcément elle ! Des gardiens du temple, d’un mausolée… Ils me prennent pour un infiltré, ils n’ont pas tort, et ça, ça les rend dingues. Si j’ai adoré travailler avec Marcela Iacub, c’est parce qu’elle est tout le contraire. C’est quelqu’un qui n’affirme pas, qui adore changer d’avis, elle est en mouvement, comme tous les gens intéressants. Je lui ai dit : « Je ne veux pas la théoricienne », et elle a accepté. Elle a accompli un travail considérable. Elle a réussi un livre merveilleux, un grand roman fantastique, kafkaïen. Si on avait voulu faire un livre scandaleux et indigne, ce n’était pas compliqué, mais ça ne l’intéressait pas d’en écrire un, ni moi de le publier. »

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