Una mosca nel latte
L’instituteur venait du sud de l’Italie et logeait à l’hôtel que tenaient ses parents : « Tu sais qu’il suffit que tu fasses les tagliatelles comme ta mère, tu n’as pas besoin d’étudier. » Son médecin lui a dit qu’elle était « sana come un pesce », « saine comme un poisson ». Le plus beau. Elle était très rousse, et il était très noir, son mari. Il lui disait : « Je suis comme une mouche dans du lait ». Comme un des enfants était aveugle (sœur d’Adélaïde), on a fait des analyses génétiques et on a vu qu’il avait du sang africain. Son fils (père d’Adélaïde) était tombé amoureux d’une française (mère d’Adélaïde) et il l’amenait en cachette dans la chambre que j’occupe à présent — et elle faisait semblant de ne pas savoir. Une fois, elle a entendu son fils pleurer parce qu’elle devait repartir en France. Elle l’a entendu de la cuisine qui est assez loin, il devait pleurer fort. Oui, ils étaient très amoureux... D’ailleurs, il l’a suivie en France — elle regrette qu’il ait perdu sa carrière ici pour devenir un immigré italien. Mais il s’en est bien sorti, remarque Adélaïde. Il était professeur d’italien rue de l’Odéon. Elle-même s’est mariée enceinte. C’est-à-dire que tout était bien surveillé pour éviter ce genre de problème, mais qu’il y a eu une faille (dans le système). La faille, c’est qu’elle avait une grand-mère très gentille. C’est elle qui était chargée de les surveiller quand le garçon venait à la casa. Mais comme la grand-mère était très gentille, ils lui disaient : « Tu sais, grand-mère, tu peux aller te coucher... » et ils faisaient l’amour debout. Ce n’est pas tellement elle — mais son fiancé en avait tellement envie ! Résultat, elle s’est trouvée enceinte, elle l’a dit à sa mère, à sa grand-mère, à ses proches... mais comme tout le monde trouvait que son Giovanni était un bon garçon, ça n’a pas posé plus que ça de problème. Personne d’autre ne le savait que ses proches. Quand même, elle ne s’est pas mariée en blanc, mais en « azurro ». Je fais remarquer qu’alors l’information était limpide. Mon père me raconte aujourd’hui que sa mère à lui, ma grand-mère, était enceinte aussi au moment du mariage. Mais sa mère à elle (mon arrière-grand-mère, que j’ai connue), elle, était méchante. Elle l’a obligée à faire des allers et venues lors de la fête du 15 août dans le village pour que tout le monde voit bien qu’elle était enceinte. C’était ça, la vie, un coup de bol, qq’un de gentil, un coup de pas de bol, qq’un de dur. Je vois mon père à la gare Montparnasse. Il y a 3 jours, il a perdu un de ses frères. Mais ça va, il a de la philosophie. Il me donne un texte sur les atomes. C’est vrai, les atomes ne meurent pas. Ils continuent de bien s’agiter, bien au contraire. Je pense aux données scientifiques (d’astrophysique) données au début de ce spectacle fastueux, les 4 saisons, The Four Seasons Restaurant, que j’ai vu hier et qui passe dans mon sang comme une drogue, c’est-à-dire qui ne passe pas... Sa grand-mère savait que c'était un bon garçon car, comme elle allait à la messe tous les jours, elle voyait que, lui, allait bien au travail. Il avait un travail, voilà...
Labels: bologne paris
0 Comments:
Post a Comment
<< Home