Le couple / la solitude
Xavier et Florent avaient les larmes aux yeux d’écouter celle qui s’appelait aussi Marie (comme celle qui avait fuit) expliquer qu’elle baisait tous les jours avec son mari depuis 17 ans et qu’ils étaient, en plus, toujours inventifs, toujours créatifs, qu’ils ne s’ennuyaient jamais, que son mari toujours la surprenait et cherchait à lui renouveler son plaisir. Que parfois ils arrivaient en retard à l’école — « En retard à l’école ? » — c’est là que j’avais pris en cours de route — oui, en retard pour amener les enfants à l’école —, qu’elle disait : « Papa et maman ont besoin d’être tranquilles ; tant pis, on arrivera en retard à l’école » et que « les enfants » attendaient que « papa et maman » aient fini de « se faire des calins » et « maman » de « crier ». Et Xavier et Florent avaient les larmes aux yeux... C’était pour moi un fragment de la réalité. Oui, le monde m’apparaissait clivé. Ce n’était pas, cette fois, l’homosexualité / l’hétérosexualité ; non, c’était l’asexualité / la sexualité. Je ne participais pas aux larmes, ça ne me faisait pas envie... Ainsi, quand Florent (qui aurait eu envie de baiser Marie) décidait, sur un coup de tête, de laisser la place et que je me retrouvais avec Xavier et Marie pour un bout de chemin, je lâchais moi aussi Xavier saoul comme une barrique et malin comme un singe (depuis le début de la soirée) pour laisser éventuellement l’amour se faire pour ceux qui en avaient le plus besoin. Xavier me savait gré de la discrétion de ma disparition, je le voyais dans ses yeux brillants. Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. J’avais fait jurer à Xavier qu’il n’allait pas prendre sa voiture pour rentrer à La Courneuve. Après cela, bien assuré, après tout, je pouvais le laisser ramener Marie... Je draguais des hétéros, des hétéros gentils (par ex, de ceux qui me considéraient comme une personne de qualité parce qu’ils avaient vu l’un de mes spectacles, celui-ci avait vu Chic by Accident et n'en était pas revenu), mais j’étais quand même assez lucide pour les laisser partir en fin de soirée avec une personne ou 2 du sexe féminin puisque ça leur faisait tellement plaisir ou tout simplement plaisir. L'amour / la solitude. Je ne sais pas de quoi je parle.
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