Saturday, June 22, 2013

Rerun : Dime si eres dichoso


J'allais écrire, j’avais trouvé un titre : Dis-moi si tu es heureuxDime si eres dichoso... J’allais me battre encore avec cette vieille langue qui m'envenimait, m'affadissait, m'enfermait comme une drogue. C'était un moyen de me recentrer. J'étais si nerveux dans cette grande ville et j'avais été si heureux à la campagne. Je ne m'intéressais qu'à moi-même, je le reconnaissais, les gens me paraissaient vivre des choses terrifiantes, et, moi aussi, je vivais des choses terrifiantes — mais j'étais épaulé par Dieu. Qu'on me foute la paix ! Le couvent, le monastère, c'était moi. Indifférence pour l'humanité en mouvement, la fête, les hôpitaux, les faillites, l'effacement des uns par les autres... Diam's. Son plan de com. Elle ne voulait être interviewée que par des femmes, elle était devenue religieuse. (J'avais lu qqch là-dessus le matin.) L'humanité était merveilleuse, mais je n'avais plus la force. La force revenait en déposant ces mots. J'étais dans la cathédrale et j'essayais l'application « Notes » de mon iPhone, la cathédrale qui recouvrait México. Je pensais à Dennis Cooper. Je pensais à lui écrire. La chose la plus importante qui m'était arrivée depuis des siècles avait été de lire son livre, Guide, pendant cette journée de « mauvais temps » à Santa Catarina. Là, j'avais su ce qu'était l'écriture, la littérature, la pensée, la vie, la solitude-vie reliée au ciel. Je voulais être chercheur. Je voulais étudier le ciel. Je voulais vivre dans le luxe. Aimer m'importait peu. Je voulais me battre pour les bêtes, les flux, les étoiles. La littérature était l'accès — encore fallait-il trouver le bon livre ! ou la musique. Dieu laissait les hommes libres de se décimer, de s'aimer. J'aimais Dennis Cooper, sa matière-livre. Je n'étais même pas sûr que ce que j'avais lu eut été écrit par lui (il y avait déjà longtemps), mais, en tout cas, j'étais sûr de l'avoir lu. On invente les livres qu'on lit. Encore faut-il trouver le bon livre. Aiguille dans une botte. Le bon livre et le bon lieu. Je haïssais México. Je ne voulais rien apprendre de México. Je voulais que Dennis Cooper « ait écrit ce livre » encore à l'infini, soit encore à l'écrire, ne s'en soit pas détaché, n'ait jamais rien vécu d'autre. Allons ! Je m'étais calmé. Il était temps de me lever de ce banc de cette église — cette silencieuse, glissante église de tes yeux, ô mon lecteur, de tes deux yeux silencieux pareils aux yeux de Dieu car, comme chacun sait, il est possible que Dieu soit un plouc comme les autres ! Je n'aime pas trop écrire par ce système d'exercice pour le pouce. D'ailleurs je n'aime pas trop. Es-tu heureux ? C’était de nouveau la fin d'été — en Bretagne —.

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