Fatigue, pur chef d’œuvre
Mon journal. Mal aux yeux (je me frotte). Le soleil, aussi, je l’avais en plein face, en rentrant. Et en plein face dans ma chambre, orientée à l’ouest. (Le château était désert.) Je suis allé dans la librairie si bonne dans la rue Carnot et, alors que j’ai fait attention toute l’année de ne pas acheter de livres — et souvent, dans cette librairie, je me suis retenu — j’ai acheté… Mais cette librairie est tellement ! Je leur ai dit : « Quel dommage que vous ne soyiez pas une bibliothèque ». Je me suis levé à 5 h pour prendre la route. J’avais rendez-vous chez Betty et Gilles à 9h et demie. Mais ils m’ont envoyé un sms pour me dire que finalement ils partaient plus tôt, qu’on se verrait le soir. Je suis parti quand même et bien m’en a pris car je suis arrivé quasi pile poil avec le transporteur qui livrait les cartes. Dans mon désastre massif, j’aime quand il y a des perfect timings ! (L’ancien Kairos.) Et puis ça roulait mieux à la fraîche, c’était une bonne idée. Maintenant la fenêtre est ouverte, c’est génial, il y a une moustiquaire, on peut laisser la fenêtre ouverte. J’écris ce qui me vient, ce n’est pas très rigolo, je suis juste heureusement fatigué.
Dois-je
l’avouer au lecteur : je suis un déchet humain ? Ce que j’ai dans la
tête en ce moment est effrayant. On ne sait pas — je ne sais pas — si c’est la
folie ou simplement une conscience plus aiguë du monde. Du monde comme il est
fou. Genre Le Misanthrope, la pièce étonnante qu’a montée récemment Jean-François
Sivadier… Excellente pièce, juste proprement terrifiante. Ce que ça raconte,
j’ai pas supporté. Et encore maintenant. Jean-François la fait si vivante que.
J’y pense souvent. Presque réelle. Heureusement la présence rassurante de
Cyril. Depuis l’école, il a toujours été rassurant. Le temps n’a pas de prise
sur lui. (Il est droit.) J’ai trouvé Nicolas Bouchaud excellent. C’est la
première fois à ce point. Etc. Norah…
Ce retour sur
soi, c’est tellement dérisoire… Ouvrons nos livres dont je ne vous dirais rien…
Demeures secrètes (d’Avignon), jardins secrets…
Sauf
Cioran : « Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes. »
Labels: avignon
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