Saturday, August 31, 2013

M on histoire d’amour avec la Belgique



Ils se sont rencontrés le 1er avril 2011, au bar, après avoir vu le spectacle 1er avril que j'ai présenté à Bruxelles (à la Raffinerie). Ils se sont mariés 2 ans après, en avril dernier. Et cet homme qui n’aborde jamais personne vient me le dire. « Normalement, je n’ose pas aborder, mais… » Il y avait Amélie Nothomb et Bernard Werber — qui sont ses 2 auteurs préférés — ensemble dans le Thalys, mais il n’a pas osé les aborder. Et, moi, il sait que je suis abordable… (Je lui dis qu’il me semble qu’Amélie Nothomb aussi…) Landry est un fonctionnaire qui travaillait en France et qui travaille maintenant au consulat à Bruxelles ; Carlos, son ami qu’il me présente — un petit coucou par dessus le siège — est Equatorien. Landry était venu spécialement pour voir le spectacle. Les autres spectacles qu’il a vus de moi, il les a vus à Paris. Je lui montre la robe de Jean-Biche que j’ai « sauvée des flammes », je dis (en fait de la liquidation du département location de costumes du magasin Hair Club). Il la reconnaît.

Ils vont à La Rochelle, non, malheureusement pas pour des vacances. Ni pour le travail… J’insiste pas.

Au bar, il s’éloigne pour téléphoner et revient pour dire que son père est mort. Il avait espéré arriver à temps. Je lui parle de la chanson Nantes qu’il ne connaît pas. Il est troublé, évidemment. Son père souffrait d’un cancer depuis plusieurs années. Il avait été agriculteur et avait manipulé des pesticides toute sa vie. XXe siècle meurtrier. On veut espérer qu’on va vers le progrès. (Rien n’est moins sûr.) On continue de parler. On parle du mariage. Je parle de Pierre et des raisons de Pierre. Landry pense que les anti-mariages gay évolueront, comme ils ont accepté maintenant le pacs, il dit que « même Christine Boutin, si elle vit assez longtemps, finira par défendre le mariage gay ». Il a raison, il est posé. Ce qu’il dit — et comme il défend l’ennemi — est juste. Carlos est amusant, je lui demande : « Et, toi, comment es-tu arrivé à 1er avril ? », « Moi, c’était pas tellement pour voir le spectacle, c’était pour draguer au bar… » Et il ajoute, comme pour s’amender : « Mais je savais que les gens qui venaient étaient des gens « éclairés »… » Deux backgrounds très différents alors ! on ne peut plus ! Landry n’a pas de relations sexuelles avant de rencontrer Carlos : 3 « attouchements » en 15 ans, 1 première tentative de quelques semaines avec une fille au sortir de l’adolescence. Il en était resté là. Il travaillait 70 h par semaine. L’administration adore ce genre (qui est aussi celui de Pierre). « Avant, je vivais caché de rien parce que j’avais rien à cacher, me dit-il, mais le jour où je t’ai rencontré — dit-il en s’adressant à Carlos — 3 jours après, je faisais mon coming out avec mes parents et, 2 mois après, tu es venu voir mes parents. » Il y a une chose que je voudrais dire parce qu’elle me paraît importante. Les homosexuels qui ne peuvent pas se marier en France parce qu’il y a des conventions qui ont été signées et n’ont pas été renégociées avec certains pays (comme certains pays arabes, le Maroc, etc.) peuvent passer par la Belgique qui, elle, n’a pas signé ces conventions (« et même si elle les avaient signées, ajoute Landry, elle ne les suivrait pas : c’est la France, ça, d’être si «  réglo » »). Le mariage belge est reconnu par l’Etat français. Tout mariage en Belgique entre un Français et une autre nationalité peut donc être validé par le consulat français. Voilà la solution du problème, en attendant que les choses s’arrangent en France avec ces conventions.

En partant, il me dit encore : « Si !  tu as de la mémoire… parce que tu m’as reconnu… » « — Non, j’ai repéré l’intensité de ton regard, c’est tout. » Je n’ose pas lui dire que ce regard m’avait plutôt inquiété. 

Le premier spectacle qu’il a vu de moi, c’est Hamlet-Vanves, avec Robin Causse dont il a suivi ensuite le « parcours remarquable ». Je suis heureux qu’il me dise ça de Robin que j’ai un peu perdu de vue, quant à moi, je dois dire (et regrette).

Je lui envoie une photo de Robin (à poil, dans Hamlet) en signe d’amitié.

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