T he Unreal of What is Real
Ce qui compte, c’est de
vraiment rencontrer des gens, tomber
sur des gens, je dirais même, qui ont vraiment une nécessité de travailler avec
moi à un moment précis de leur vie (ce moment ne peut, bien entendu, durer
toute la vie). Alors, dans ce cas-là, c’est facile. Il n’y a pas négociation. Si les gens ont vraiment envie, s’ils sont « à
leur affaire », s’ils ont négocié avec eux-mêmes (ou avec leur agent) que
c’est ce qu’ils ont de mieux à faire (que c’est dans leur propre intérêt),
alors c’est facile parce qu’ils donneront tout sans même que j’aie besoin de
demander — et ils ne demanderont rien. Ce temps, encore une fois,
peut être très bref, juste le temps d’un spectacle — ou durer un peu plus (avec
certains de mes amis nous avons fait 20 ou 25 spectacles…) Il faut, de toute
façon, éveiller cet état d’esprit chez l’interprète et le collaborateur. Plus
l’interprète ou le collaborateur bénéficiera d’une attitude désintéressée, plus il sera libre (et
heureux) de goûter toute la poésie qu’il porte. La société ne va pas dans ce
sens. Il faut juste pousser dans ce sens. Susciter cette gratuité paradisiaque.
Il faut donc rencontrer des gens sans angoisse financière, soit qu’ils soient
très pauvres, soient qu’ils soient très riches et proposer des vacances. Ou au
singulier. Dans la réalité. Vacance dans la réalité. Holyday in Reality comme dit le poème de Wallace Stevens (qui par
ailleurs était banquier...)
« It was something to
see that their white was different,
Sharp as white paint in the
January sun ;
Something to feel that they
needed another yellow,
Less Aix than Stockholm,
hardly a yellow at all,
A vibrancy not to be taken
for granted, from
A sun in an almost colorless,
cold heaven.
They had known that there was
not even a common speech,
Palabra of a common man who
did not exist.
Why should they not know they
had everything of their own
As each had a particular
woman and her touch ?
After all, they knew that to
be real each had
To find for himself for his
earth, his sky, his sea.
And the words for them and
the colors that they possessed.
It was impossible to breathe
at Durand-Ruel’s.
II
The flowering Judas grows
from the belly or not at all.
The breast is covered with
violets. It is a green leaf.
Spring is umbilical or else
it is not spring.
Spring is the truth of spring
or nothing, a waste, a fake.
These trees and their
argentines, their dark-spiced branches,
Grow out of the spirit or
they are fantastic dust.
The bud of the apple is
desire, the down-falling gold,
The catbird’s gobble in the
morning half-awake —
These are real only if I make
them so. Whistle
For me, grow green for me
and, as you whistle and grow green,
Intangible arrows quiver and
stick in the skin
And I taste at the root of
the tongue the unreal of what is real. »
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