Monday, September 30, 2013

J ’entends leurs pas dans le corridor


Je fais l’expérience d’être dans une chambre. Dans une boîte. Autour de moi, autour de cette chambre allongée comme un cercueil, j’entends les bruits de pas sur le carrelage de la salle de la mairie, des pas qui me dérangeaient, mais qui ne me dérangent plus, je deviens réellement malade, ce sont les pas des infirmières, d’ailleurs elles parlent à voix basses, je dois être très malade. Elles m’apportent le repas. J’ai fait le choix, aujourd’hui, de rester dans mon lit (mon lit de fortune) et de m’assoupir quand il n’y a personne. Quand il y a quelqu’un, je rallume la lampe de chevet que je tiens à portée sur mes oreillers. C’est mieux. Ça oblige les gens à venir jusqu’à moi (comme au chevet d’un malade) — autrement, ils me regardaient comme une bête dans un zoo… Je suis intoxiqué à la peinture anthracite qui n’a pas séché. Je suis multichimicosensible et je prends un régime très strict pour survivre, mais je veux mourir dans cette chambre où j’ingurgite tant de poison chimique — j’espère quand même ne pas attraper un cancer de cette expérience… Mon téléphone est en panne, il s’est rallumé quelques heures et de nouveau plus rien — ça va être un problème, ça. Je n’aime pas la politique. Je ne les ai jamais compris, mais maintenant je les hais. Ils n’ont rien fait et ne font rien contre la chimie du XXe siècle. Ils devraient tous être en taule ! Pas seulement pour l’amiante. Pour tout. Ce sont des salopards. Aussi, pour la laideur de tout ce qu’ils font, ces seigneurs de la vulgarité, avec notre argent, nous les manants du rien. Ces ordures. Ces tueurs, ces destructeurs du monde. On croit que ce serait pire sans eux, les hommes et les femmes politiques (inutile de préciser « les femmes » : on avait un moment espéré une autre approche : il n’y en a pas, ce sont tous des hommes — ou des femmes — aucune différence), non, serait mieux !

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