L e Spectacle du siècle
Benjamin m’avait fait passer
— pour m’inviter — dans « la presse » (j’ai 0 budget pour sortir,
la pauvreté faisant son trou, j’ai supprimé ce budget). Il se justifiait en me
disant : « Tant de gens « journalistes » écrivent des blogs
que personne ne lit, alors que le tien… — Mais, mon chéri ! personne
ne lit mon blog et Dieu soit loué !, étais-je obligé de me lui
récrier, mon père le lit (c’est bien assez). » (Ce blog, d’ailleurs, me sert
plutôt à me séparer des gens que le contraire, je ne supporte qu’on m’aime
qu’en totalité ou rien ; je ne supporte pas la critique, le côté « Puisqu’on
est ami, je te tape sur l’épaule pour te dire que t’as raté ». Raté
quoi ? Pauv’e mec, va ! (on n’est plus ami). L’amitié, c’est la seule
définition de ce que nous faisons. (Si j’employais le mot amour, je serais encore plus mal compris.) Il faudrait que je relise ces livres, d’ailleurs, L’Amitié, L’Erotisme,
de Francesco Alberoni.) Les lumières s’éteignent, nous sommes à L’Athénée, une
des plus belles salles de Paris et l’ogre Olivier Martin-Salvan pénètre avec
une lampe torche qu’il dirige sur nous et ça commence, mais — est-ce lui ?
— il est couvert de fourrures. On comprend tout alors qu’on ne comprend rien. Comme c’est beau, ce qu’il fait ! comme c’est
difficile : il a appris le texte par cœur et ça ne se voit pas. C’est
admirable : ça ne se voit pas. C’est la différence entre les acteurs... les bons acteurs et les grands acteurs. Les grands acteurs arrivent à cacher la peur qu’on voit toujours sur les
acteurs simplement bons à l’idée du trou de mémoire. Olivier Martin-Salvan
est méconnaissable pas seulement par la lumière sublime qui en fait un Rembrandt
en mouvement, un Rembrandt vivant, mais probablement par l’habitation
d’outre-tombe que lui donne ce texte : quoi de plus lointain et pourtant
de plus vivant que Rabelais ? Rendez-vous compte : s’il n’y avait pas
Rabelais… bien sûr, il y aurait les autres ! et Montaigne et Proust et Céline et
Saint-Simon, mais, sans Rabelais, je crois, ça ne vaudrait même pas la peine de
vivre en France, enfin : de se dire fier de ce pays. Les Allemands ont
Goethe, les Italiens Dante, les Portugais Pessoa, les Espagnol Cervantès, les
Anglais Shakespeare, en France, on n’a personne, je veux dire : plein de
gens, mais pas un nom unique. Victor Hugo ? Et pourquoi ne
désignerait-on pas Rabelais comme celui qui nous représente tous ? Si
c’était le cas, la France ne serait ni raciste ni folle, ni débatteuse ni
contradictoire, ni sotte ni intelligence, ni violente ni douce, ni riche ni
pauvre… elle serait vivante, elle serait la France ! contre laquelle personne
ne pourrait rien, ni l’ennemi de l’extérieur ni l’ennemi de l’intérieur (bien
pire). C’est tout ce que j’ai à vous dire parce que le spectacle est si bon que
j’aimerais en profiter ! Merci. Excellent. 5 étoiles de la rédaction. Je
pourrais voir ce spectacle tous les jours, son excellence est intarissable
comme la vie et l’amour, la joie de vivre. Olivier Martin-Salvan, c'est tous les monstres sacrés ! Triomphe. Applaudissements aussi longs qu'à Pina Bausch...
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