L ’Hypothèse d’Alain Badiou
Au stage, les filles, très
nombreuses — on se souvient que, sur près de 200 demandes, j’en avais retenu 70 —, étaient d’un excellent niveau, les garçons étaient d’un niveau nul. Je n’exagère
qu’à peine. Il y a eu surtout un jour, le mercredi, je crois, où j’ai voulu faire — je ne
sais pas ce qu’il m’est passé par la tête — un groupe de filles le matin
et un groupe de garçons l’après-midi. Ça a été tragique ! Les filles : somptueuses, le matin, surdouées, que de l’air, magnifiques (peut-être ce qu’il s’est
passé de plus beau de tout le stage, cette matinée) — et les garçons, l’après-midi :
atroces, d’une laideur insupportable. Ça a été l’hécatombe. Avec Bénédicte, on a
cherché des explications (à ce phénomène sidérant, que je connaissais — il est
connu —, mais, somme toute, pas à ce point), on en a donné quelques-unes. Aujourd’hui, j’écoute cette conférence où Alain Badiou donne une explication à ce phénomène (d’époque) et qui, bien sûr, ne concerne pas uniquement le théâtre, ç’aurait été
étonnant… Merde, les gars ! « Le caractère enfantin
de la vie des adultes, parce que c’est ça, l’adolescence éternelle, c’est qqch
comme une puérilité universelle. Puérilité universelle liée aux figures de la
consommation. Et ce caractère enfantin de la vie des adultes, à mon avis, est
particulièrement visible chez les adultes de sexe masculin. Il suffit de les
voir dans la rue. Et pourquoi ? Parce que le sujet qui comparaît devant la
marchandise doit rester un enfant qui désire de nouveaux jouets, fondamentalement,
n’est-ce pas ? Et c’est bien ce qui se passe… Les nouveaux jouets peuvent
être des gros jouets… (…) Et si les fils sont depuis toujours immatures, les
filles, elles, sont depuis toujours matures. Et il faut donner de ça qu’un seul
exemple : la réussite scolaire. (…) Partout où il s’agit de la réussite
sociale et symbolique, la fille-femme l’emportera désormais sur le fils
incapable de surmonter son adolescence. Ce qui, entre parenthèse, montre que le
fond de la question n’est pas la misère sociale. »
Labels: stage
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