Friday, January 03, 2014

C onfiance / distance


On ne sait pas ce qui est précieux, puisque le précieux est partout ; il y a quelques indications. C’est ce que nous partageons les uns les autres. Dominique Fourcade est un immense poète, esthète, proche de la peinture. Il m’envoie de temps en temps des lettres déjà belles sur l’enveloppe et l’écriture à la main (on a beaucoup perdu de cela sur Internet). Ce sont quelques mini pages d’un texte imprimé — et elles aussi surchargées d’une dédicace trop précieuse (je veux dire pour le rustre que je suis). C’est un poème, bien sûr, mais qui « dit des choses », adressé. Par ex :
« Je ne puis dire les choses qu’ainsi : ds une pièce, un poète éclate en sanglots du fait de la confiance que l’époque lui fait, qui l’entraîne dans un gouffre. Comprendre : le gouffre de l’époque même. Cette confiance est plus lourde à porter, plus déplacée et plus piégeuse que toute autre marque du destin, de toutes ses forces il voudrait s’y soustraire. Dans une pièce contiguë un poète sanglote du fait de la distance entre l’époque et lui, elle aussi abyssale, insupportable de douleur. En poésie en existence, ces situations sont toujours couplées, on en éprouve un isolement sans borne, une mortelle culpabilité. J’ajoute que très tôt, j’ai su que je ne voulais ni du don de la prophétie ni de celui de la persuasion. »
C’est de la poésie, pourquoi ? parce que le lecteur le comprend et imagine l’avoir écrit. C’est une manière de ses vœux.

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