Friday, April 11, 2014

N aître, vivre et mourir


Bon, ben voilà, on voulait le « grand » public et on l’a ! On en a le goût, en tout cas… Représentation qualifiée par moi de « difficile » où j’ai couru partout pour « informer » tout le monde de la « situation » ; beaucoup de notes écrites (la veille d’une dernière !) ; des départs, des départs et puis des saluts chaleureux, intenses, et puis, au bar (je traîne déjà beaucoup pourtant — à l’extrême — pour éviter la cohue, j’arrive le dernier), des foules de personnes que tu ne connais pas — ou peu — et qui te disent des choses passionnantes sur le spectacle, des choses vraiment, vraiment très fines, elles n’ont pas peur de parler et elles disent, oui, ce que j’ai rêvé, moi, de faire (et que j’ai oublié), elles le disent et elles posent des questions très pertinentes et acceptent mes réponses : un amour, quoi. Les gens sont merveilleux. Soudain, on voit ça : les gens sont merveilleux (malgré la fatigue et la panique de la fatigue…) Je pense beaucoup à Barbara qui disait que le plus important, c’était après, c’était là qu’il fallait être présent, responsable, une responsabilité énorme : après le concert. Et c’est vrai. C’est drôle, j’ai réalisé seulement hier ou tout à l’heure même, que ce que je faisais (monologue) était sur le modèle du Mal de vivre qui parle du désespoir et qui, à la toute fin, s’ouvre sur la joie (de vivre). Barbara… le talent inouï... Une fille m’offre le dernier livre de Milan Kundera, La Fête de l’insignifiance, quel titre merveilleux ! quel cadeau touchant ! Elle me dit qu’elle a pleuré. Elle s'appelle Marine. La mère de Jeanne me montre les dessins — sublimes — qu’elle a fait pendant la représentation et le professeur de tai chi qui travaille au Conservatoire — ou avec Vassiliev ou avec Mnouchkine — me parle de mon père : je « bois du petit lait »… Je pars, je suis obligé de partir, j’ai mal à la gorge, Bertrand et Jeanne me disent : Bois du chaud avant de t’endormir, bois un grog — au lieu de ça (je ne sais pas pourquoi, depuis un moment, je n’arrive plus à me faire de tisanes), j’écris sur cet ordi et j’écris qu’on aurait pu jouer une semaine de plus, profiter de ce mouvement qui, j’en suis sûr, ne demanderait qu’à NAITRE. Je voudrais m'endormir dans les bras d'Arthur Rimbaud, son savoir, lui, celui qui sait... VIVRE... et... MOURIR...

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2 Comments:

Blogger JEROME JOM RONIGER said...

Encore bravo, cher Maître ! Ce que j'ai vu hier soir grâce à Marie Vachette me ravit à 200'000 % […] Merci de tes efforts, car ton travail, acharnement, humanité, sont rares et MAGNIFIQUES ! Je pourrais continuer ainsi longuement à écrire sur le caractère exceptionnel de ce que j'ai vu hier et que j'ai plaisir à revoir ici dans le « Hublot », encore chaud, avec tes mots et les photos de Philippe Gladieux qui sont très belles — tout ce qui touche à toi, de près ou de loin, semblent muni de cette grâce de la beauté et du raffinement. Tarkovski, Fellini, Bergman, un peu de Godard et Truffaut, Rohmer, et puis Cioran mis en valeur par ton art du rock et de poète, rendu vivant, son humour qui devient le tien, le mien, celui du public en masse sous le dôme du théâtre décati. Je n'ai jamais vu les Bouffes du Nord aussi belles, ton équipe lui font du bien, c'est tendre, c'est fou, merci YN ! JOM RONIGER

12:17 AM  
Blogger Marie-Noëlle Genod, le dispariteur said...

Quelle déclaration ! Restons amis ! Cher Jérôme !

2:26 AM  

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