S olfatare
J’ouvre un Tintin 1000 fois
lu, mais il y a si longtemps (L’Etoile mystérieuse) et j'y trouve un mot que nul enfant n’a jamais
lu : « solfatare » (mais il est aussi dans Jules Verne) : terrain
volcanique où se dégage, par des fissures, de la vapeur d'eau à une température
de 100 à 300o, contenant de l'hydrogène sulfuré et qui donne des dépôts de
soufre ; vapeurs sulfureuses de ces terrains.
La femme qui tient le magasin
bio du côté des Halles, à Avignon, veut vendre. Pourquoi ? « Oh, j’en
ai marre, tout fait tout le temps des histoires, ici… » Et qu’allez vous
faire ? « Du yoga ! » On parle du Front National, elle me
dit que ce sont les commerçants de la rue qui ont voté Front National et « Moi, je les
comprends… » Le lendemain, il y a 2 hommes qui parlent d’une éventuelle boucherie. Quand ils sont partis, je demande : « Alors,
ils vont acheter ? » « Halal », elle précise. Et puis cette
phrase : « J’aimerais bien que l’Arabe achète, ça mettrait un coup de
froid dans la rue, ça gèlerait la
rue. »
L’enfant chante :
« En avant, mon lieutenant ! » Puis, plus tard :
« Nous partons en campagne ! », le matin du départ pour ses
vacances en Ardèche.
Avec Kamal, on parle de la
différence des époques, le retour du puritanisme. C’est un avantage de la
vieillesse de pouvoir constater la relativité des époques. Quand on est
jeune, forcément, on pense que le monde est comme il est. Mais quand on
vieillit, on sait qu’il n’en a pas toujours été ainsi. « Quand j’étais au
Maroc, dans ma jeunesse, les filles portaient des mini jupes, on buvait
de l’alcool en terrasse en plein ramadan… Jamais je n’aurais pu imaginer qu’on en arrive
là. » C’est vrai, c’est effrayant, ce retour de l’ordre moral qui n’est, pour nous, en France, qu’une tristesse diffuse, mais, dans les pays arabes, d'une
horreur intégrale qui bouleverse le paysage humain de fond en comble…
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