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Yves-Noël Genod se présente lui-même comme un « distributeur » de spectacle, de poésie et de lumière, il n’invente
rien qui n’existe déjà, il fait passer le furet, « passé par ici, il repassera
par là », il révèle. En effet, c’est ici et là qu’est la « révolution » : dans
la redistribution des richesses accaparées. Ainsi le « contenu » des
spectacles qu’il propose, lié au « secret », est idéalement
« inventé » par le public. Il s’agit, à chaque fois, de susciter les
conditions — les conditions de « temple » ou de « temporisation » —
pour que l’interprète et le spectateur puissent accéder à leur propre
intériorité, leur capacité d’ « écriture » — comme l’a montré,
par exemple, le spectacle en partie dans le noir total qui a fait sa renommée : Le Dispariteur. Il utilise (aussi,
jusqu’à présent, faute de véritables moyens scénographiques) les lieux, les théâtres,
comme les instruments mêmes de la
résonance : Ménagerie de Verre (Paris), grande salle du Théâtre de
Gennevilliers, La Condition des soies (Avignon), salons de l’Hotel Palace
(Bologne), grande salle du Théâtre de la Bastille (Paris), grande salle du
théâtre de la Colline (Paris), Friche de la Belle de Mai (Marseille), ancienne
salle de réparation des tramways (Berlin), salons de l’Hôtel de la
Mirande (Avignon), châteaux ou hôtels particuliers (Avignon), La Raffinerie, à
Bruxelles… Plus les lieux sont beaux, plus il est facile, pour lui, d’y « invoquer » des spectacles, le lieu comme dupliqué devenant le sujet même du spectacle. Il a ainsi créé, en avril dernier,
dans le lieu magique des Bouffes du Nord (Paris) : 1er Avril, peut-être son plus beau spectacle. Il travaille,
depuis juin 2003, avec des dizaines d’interprètes… Citons, parmi les plus
connus : Lorenzo de Angelis, Jeanne Balibar, Audrey Bonnet, Cecilia Bengolea,
Jonathan Capdevielle, Bertrand Dazin, Valérie Dréville, Papy Ebotani, Mario
Forte, Julien Gallée-Ferré, Thomas Gonzalez, Julie Guibert, Bénédicte Le Lamer,
Eric Martin, Nicolas Maury, Samuel Mercer, Jeanne Monteilhet Kate Moran,
Jean-Paul Muel, Felix M. Ott, Kataline Patkaï, Ana Pi, Lucien Reynes, Marlène
Saldana, Wagner Schwartz, Thomas Scimeca, Stephen Thompson, Dominique Uber,
Charles Zevaco… ou les plasticiens Marc Domage, Philippe Gladieux, Sima
Khatami, Patrick Laffont, Sylvie Mélis, François Olislaeger, Benoît Pelé, César
Vayssié… Il a « fabriqué », depuis 2003, une cinquantaine de spectacles dont la moitié sont au répertoire (et un nombre non
répertorié de « performances »). Son art a été qualifié, depuis le début, de « théâtre
chorégraphié » et est accueilli du côté de la danse contemporaine. Ce comédien vit très modestement à Paris. Célibataire, sans racines, il prétend s’effacer derrière son œuvre qu’il voudrait n’être
que trace infime, dérisoire, inutile, mais dans l’optique pascalienne qui dit que : « Nul ne meurt
si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».
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