L es Carnets de Joëlle Gayot
Où l’on entend que j’oublie
un vers dans Spleen. Ça m’est
arrivé pendant des jours avant que je m’en aperçoive (et aucun jeune professeur
pour me dire : « Hep ! là, vous en oubliez
un… ») J’oublie : « Avec de lourds cheveux roulés dans des
quittances »
« J'ai plus de souvenirs
que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs
encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de
procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés
dans des quittances,
Cache moins de secrets que
mon triste cerveau.
[…] »
Je crois que j’ai blêmi
quand, dans mon lit, dans l’après-midi je m’en suis aperçu… Charles Baudelaire,
il est tellement, tellement précis, on ne peut pas lui faire ça… Au début,
quand je me battais encore avec la nécessité de faire ce spectacle, je me disais
parfois (faussement, le démon) : ce n’est pas à faire parce que Charles
Baudelaire fait tout le travail, il ne laisse pas la place (sens : il ne
te laisse pas la place). Mais, maintenant, Charles Baudelaire, c’est mon frère.
Je le vénère comme un voyage
limpide dans une île où je ne suis encore jamais parvenu, Bali, Bornéo, Sumatra…
où je n’irai peut-être jamais — mais mon île, c’est le noir intense de la
Condition des soies...
Labels: avignon
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