Sunday, August 31, 2014

L 'Enfance au ralenti


Une lumière de fin du monde. C’est fou comme les choses sont étranges, dans la vie. J’avais peu dormi, j’avais attrapé froid en courant Paris en chemise de soie tout ouverte en Vélib’. Je craignais d’arriver en sueur à la fête où j’étais effectivement arrivé en sueur, en retard et j’avais pris froid et j’avais pris un train à la gare de l’Est en première parce que c’était moins cher qu’en seconde et comme « à l’envers » : le paysage s’épaississait, on allait comme à l’intérieur d’une région inconnue (dont on n’avait pas connaissance dans la carte intérieure) — et l’on arrivait dans la maison de Last Days… Un jeune couple, Arina et Emmanuel, posés sur des canapés posés dehors (lumière de fin du monde), Arina, blonde comme maladive, Emmanuel, black avec une guitare dans les mains, des chats et des chiens, le propriétaire peut-être sourd, peut-être absent, faisant/ne faisant pas répéter les phrases à propos — de quoi parlions-nous ? — du nom des animaux, le plus petit chat noir, en tout cas, s’appelait Minuit. A l’intérieur (semblable à l’extérieur), un dédale de ruine, la maison était un ancien établissement thermal du milieu du XIXème siècle, avec chambres, source, casino — le casino était maintenant la grange où nous allions répéter et la jeune blonde un peu débile disait : «  J’ai hâte de voir la pièce », « — Il n’y aura pas de pièce, nous ne faisons que répéter… » Plus tard, ce jeune couple plus mort que vif, à table, aurait dit sous l’avalanche d’une question : « Nous ne sommes là que pour un jour, pour terminer des vacances ». « Ah, vous étiez en vacances ? où ça ? », « — Enfin… » On comprenait qu’il s’agissait plutôt d’« errances » que de « vacances » (en tout cas dans le sens superficiel du mot ou peut-être avions-nous mal compris ?) et de quelque chose (lumière de fin du monde) qui, oui, allait/voulait se terminer ou qui espérait en mourir dans la même douceur/nausée inconsciente que de naître/disparaître, certainement. D’ailleurs, une fille était morte de fièvre. Comment ? où ça ? Non, en France. Sa mère l’avait conduite à l’hôpital, on s’était foutu de sa gueule, on lui avait donné des Doliprane, elles étaient revenues à la maison et elle était morte. C’était quelqu’un que je connaissais, sa mère… Son nom me disait que je la connaissais…

0 Comments:

Post a Comment

<< Home