L 'idéal : des costumes avec personne dedans
Habillez-vous du mieux
possible, je vous assure que je n'aime que le sublime (comme le remarque
Antoine Thiollier) sinon rien. Dans le train, il y a un jeune type avec des
bretelles à rayures noir et blanc assorties à sa chemise à rayures noir et
blanc aussi ! trop classe... Dans la lumière du couchant entre Colmar et
Strasbourg... Des pieds trop beaux ! qui plus est, dans des tongs de cuir...
J'avais envie de le violer et de le brûler — ou bien de le filmer...
sublimation... Les trains sont tellement cinématographiques...
Je vous encouragerai à la
fiction et je vous freinerai à la fiction ; je vous encouragerai pour vous
freiner... De toute façon, si vous êtes forts, on fera ce que vous voudrez. Si
vous attendez qqch de moi, on ne sera pas amis car je n'ai pas d'argent sur
moi, je ne sais que prendre. Je
suis assez d'accord avec Peter Handke qui dit qu'un metteur en scène, c'est
rien, c'est moche, que ce n'est pas de la création, que la création, c'est
l'auteur et parfois certains acteurs, oui. C'est vrai. C'est pour ça que je ne
monte pas de pièces, pour pas avoir l'air con à ce point... Je suis spectateur, en fait, et vous qui avez la capacité de vous
imaginer dans le regard de l'autre (définition de l'acteur), vous me donnerez
ce que je regarde.
Apporter des paillettes,
des boues, des masques, des huiles, ça va être beaucoup de l'échange de la peau
et de la lumière comme en physique quantique, qui crée quoi ? phosphorescences,
qui répond à quoi ? qui appartient à rien ? Rien de la société française et de
Trierweiler...
Si vous pouviez, disons,
avoir 7 identités chacun... C'est peu, si on y songe, mais 7 x 14, ça ferait
déjà un petit peuplement... De quoi replanter l'humanité sur une planète
lointaine, peut-être... Bien que l'humanité on s'en fout, quelle crève !...
mais quand même l'air du soir... qq figures... Le Grand Hôtel... (Écrit à
Strasbourg, en attendant, sur la place devant la gare, la correspondance.)
Apportez des films et de la musique aussi...
Je n'ai aucune idée (comme
dirait Antoine Thiollier) ou alors qui m'échappe. « Mademoiselle Chanel, comment sera votre prochaine
collection ? — Comment voulez-vous que je le sache ? je fais mes robes sur les
mannequins... » Ou comme Madame Grès qui avait placé Claude Degliame
entièrement nue au milieu d'une pièce à la moquette épaisse, avenue de la Paix,
pour lui créer une robe sculptée autour d'elle avec le taffetas carton, un rien
ténébreux, bleu canard... Grand et petit, de Botho Strauss, que montait Claude Régy dans ma petite enfance à
Villeurbanne... Si j'étais couturier, nous ne ferions que ça, de la haute
couture...
Vous n'aurez pas à vous
justifier...
Mais ne vit-on pas
aujourd'hui dans un monde où les images remplacent le réel ?
« J'essaie, disait-il,
d'une réalité qui existe et qui existe indépendamment de moi, de faire non pas
une fiction mais un film. »
« Qui
suis-je —
identité
qui chante. »
« Il semble pour lui qu'il
n'y ait entre la vie et l'art que la minceur d'une pellicule transparente, une
peau translucide... »
A tout de suite !
(Ci-dessous des poèmes que
m'a offerts Isabelle cet été...)
YN
Labels: correspondance, stage
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