L umière incréée (retrouvé)
J’ai trouvé une planque. Marc
et Audrey m’ont laissé au gîte, à leur départ. J’ai déplacé la literie, j’ai
bâti le lit à l’envers, dos à la fenêtre pour éclairer le livre. La vie est
formidable, mais, de temps en temps, il faut retour sur soi (et lire). C’est à
cause de la richesse. La richesse, il faut la prendre sur soi et la tamiser. Il
y a trop de richesse, tout le temps, trop de volonté de vie, ce grouillement,
et, nous, nous pensons que ce n’est pas la seule « réalité », alors
nous devons légèrement nous laisser dériver… Alors, nous sommes seuls, mais
nous voyageons… J’écris sans Internet ; l’Internet, j’y ai accès ds la
maison de Marc et Audrey laissée ouverte, mais pas au gîte. Réseau :
lacitédusoleil. Je ne peux pas, par ex, relire à l’instant Le Bateau ivre auquel j’ai pensé quand j’ai écrit le mot
« voyageons ». Marc a rêvé cette nuit que j’allais faire un spectacle
intitulé 1er Mai
(c’était hier, le 1er mai) ds lequel, bien sûr, il chanterait des
chants russes. Je lui dis qu’alors je m’allierais à Pascale Fautrier qui vient
de faire paraître un roman, Les Rouges que je n’ai pas encore lu, mais qui parle de la gauche à travers
plusieurs générations — elle postait hier encore (le 1er mai) sur
FB : « Le sujet des Rouges
: inscrire ds la littérature la langue et la voix de ceux qui, sans jamais
accéder au pouvoir, ont arraché, par force et parfois au prix de leur vie, des
droits sociaux, lesquels, seuls, ont donné un contenu réel à la démocratie.
Sans l'expression politique des salariés modestes : l'immense majorité, la
démocratie n'est rien, elle est formelle et vide. » Il me dit qu’il
faudrait parler aussi de Claude Régy dont c’est l’anniversaire le 1er
mai.
Hier, à la rivière, il y
avait William et Théo. Théo est venu se coller à nous « visiblement comme chez
lui » et à me parler « comme si on avait élevé les cochons ensemble ».
Il m’a dit que sous les pierres, il y avait plein de bêtes (et il a soulevé à
mes pieds plein de pierres pour me le démontrer), que, dans la rivière, il y
avait plein de petites vipères d’eau (et il a jeté des pierres dans la rivière
pour les effrayer). Et, quand j’ai nommé « William » — pour lui
demander son nom à lui — son compagnon qui l’avait rejoint avec une arme qu’il
braquait souvent sur lui : « Théo. Mais comment tu le sais ? —
Mais c’est toi qui, tout à l’heure, l’a appelé… — Ah, oui. » Plus tard, un
troisième larron les a rejoints, grand et obèse. Je ne sais pas son nom, à
celui-là. Il y avait le chien Whisky (comme ça que l’appelait Marc) retenu par
un grillage, mais qui a aboyé tout le temps que nous avons été à la rivière,
d’une voix abîmée. Il y avait des gens qui avaient mis en vente leur
maison et qui, pourtant, sur un échafaudage au-dessus du virage, repeignaient
la balustrade de la terrasse (sans doute, pensé-je, pour mieux vendre). Il y
avait le carrefour, le pont, le virage, William et Théo, la rivière, ce n’est
pas le plus bel endroit, mais, pour la petite, c’était plus pratique…
Labels: château voyage
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