U n texte sur Angélica Liddell
Jhon Fou
Merci, oh, grand Yves-Noël
Genod, grâce à toi, j'ai pu voir quelque chose de précieux.
C’est une vieille folle,
recroquevillée, elle déambule, un torchon dans la main, on y voit ses épines,
sa colonne vertébrale ressort comme un animal.
Elle déambule, elle fait
des signes aux acteurs, leur dit quoi faire ou quand s’arrêter, et puis elle
est seule, ou non, elle est nombreuse, ses démons l’accompagnent toujours,
C’est mouillé, il y a de la
bière, de l’eau aussi, beaucoup d’eau, beaucoup de sueur, la sueur des hommes,
de celui qui a violé.
Elle geint, elle jouit,
elle hurle, pleure, chuchote, chante et danse…
Ses anges gardiens sont là
(chanteurs ukrainiens phénoménaux)
Au début c’est une princesse,
une belle princesse, rockeuse (elle porte un blouson en cuir noir), elle nous
raconte un rêve qu’elle a fait , un rêve ou la réalité, peu importe, elle est
allongé sur son divan, elle rayonne (le bleu lui va si bien).
De belle, elle devient
moche ; de grande, elle devient petite, Angélica Liddell me fait voyager à
travers ses états, à travers ses douleurs, si profondes que je n’y vois pas le
fond, il fait très noir là-dedans, l’obscurité y est si intense que même la
flamme d’une bougie ne suffit pas.
La sueur du violeur, elle
en fait une rivière de pétales de rose ; l’atrocité est vu sous un autre
angle maintenant ; elle n’a pas peur de le regardé.
Philippe a dit en sortant :
« Cette femme est une plaie vivante ».
Je comprends ce qu'il veut
dire, elle deale avec sa vie…
Je me suis laissé happer,
l'atmosphère dans ce somptueux théâtre qu'est l'Odéon était chargé.
Elle me laissait le temps
de goûter aux choses.
Je me sens gâté, ce soir.
Voilà ce qu'elle dit…
« Nous ne sommes pas libres
d’utiliser le sexe comme nous le voulons. Il a autant à voir avec la fragilité
qu’avec la force. Quelle compensation donner à nos besoins qui ne passent pas
par le politiquement correct ? Nous vivons de manière beaucoup trop propre,
alors que nos désirs sont faits de boue. J’écris mes spectacles à partir de
cette boue, pas du jugement. L’art n’est pas la loi, ni une organisation
d’assistantes sociales. C’est un acte d’épiphanie individuelle. Trop de gens
confondent aujourd’hui l’expression et la correction. »
Je pense de plus en plus à
résilier ma carte cinéma UGC...
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