Sunday, January 11, 2015

Bonjour Léa, 
Je reçois les présentations des étudiants qui ont l'air chouette et que je vais lire (je ne sais pas si je les ai toutes)... Est-ce que tu crois que je pourrais leur demander une chose un petit peu exigeante ? Ce serait de travailler à partir (en s'inspirant de manière évidemment très, très ouverte) du dernier livre de Michel Houellebecq que je viens de lire. Cela permettrait d'avoir un lest et un soubassement très ambitieux, ce qui ne peut jamais faire de mal. Michel Houellebecq, comme un sismographe (selon la formule consacrée), capte des choses de l'époque et leur donne une perspective, la sienne, par exemple, mais assez ouverte, comme tous les bons auteurs, pour que les lecteurs y mettent aussi la leur (conseil à un jeune romancier, selon Michel Houellebecq : « Ne pas oublier que le lecteur fait 50% du travail »). J'ai le texte en pdf ; les étudiants seraient-ils capables de le lire avant le 19 — et d'y rêver ? c'est-à-dire de repérer phrases et passages qui pourraient susciter — d'une manière la plus floue possible — une forme, un travail, une inspiration, une recherche, une rêverie, une conversation, un rapport. Il ne s'agit pas de décider de formes faites d'avance, mais de sentir — de rêver — une capillarité possible avec une matière littéraire assez riche pour nous être diverse (nous amener partout et dans les contradictions) et pour nous être commune. C'est évidemment beaucoup, beaucoup plus exigeant que de venir « comme on est », il y a déjà un dédoublement (mais néanmoins il faudrait aussi — bien sûr ! — venir « comme on est »). C'est pour cela que je te demande ton avis. Un lieu (la salle des Machines à la Raffinerie), un texte référent, neuf et polémique, fantôme et compagnonnage, un groupe... il me semble que cet ensemble serait pas mal. Si ça te paraissait possible, tu pourrais leur transmettre ce mail en même temps que le texte. 
Dis-moi, 
Yves-Noël

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