L ’Evénement pur
Hier,
je revenais de Lyon, tard ; ce matin, j’avais rendez-vous chez le médecin,
très tôt, et, après, j’avais pris un billet pour l’expo Velázquez, il m’a fallu
attendre, errer encore autour du théâtre du Rond-Point fermé, de la boutique
Dior fermée, je me suis assis sur un banc, je n’avais rien mangé trop et je
suis entré dans l’expo Velázquez… C’était bondé comme dans le métro à l’heure
de pointe et peuplé — ça qui était le plus effrayant — uniquement de vieillards ; c’était ça, le monde, c’était ça, le réel, c’était
ça, Paris ; ça a été dur au début. Pour voir les tableaux, il me fallait passer entre la toile et la foule, à moins d’un mètre, sans recul, et en essuyant les aigreurs.
Mais, vous savez, tous ces gens presque morts, il s’est avéré — et rapidement —
que les tableaux, eux, étaient presque VIVANTS. Et « vivants », vous
savez ce que ça veut dire ? Non, vous ne savez pas si vous n’allez pas les voir, les tableaux de Velázquez, vous ne savez pas, personne ne sait, pas même
ceux qui travaillaient avec lui, dans son atelier, avec la même technique et
sous sa supervision : leurs tableaux à eux sont des horreurs — si les tableaux de Velázquez n’étaient pas là, on les trouverait sans doute
sublimes. A quoi tient le génie ? à pas grand-chose. Il y a des tableaux qui
rendent les autres moches et c’est inexplicable. Pourquoi ? parce que ces
tableaux-là, nous ne leur sommes pas étrangers. Je voyais à quel point l’homme et la femme étaient
beaux, l’homme et la femme dans leur invention... Tous des GRANDS de ce monde… Et
les vieillards guettant la vie qui s’en réchappe…
Labels: paris
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