Monday, May 25, 2015

K eats, Dickinson


« John Keats : « The poetry of earth is never dead / La poésie de la terre ne meurt jamais. » Un tel vers m’attache à lui. Il témoigne que le monde, pour Keats, est un flux incessant. Sur sa tombe, (cimetière acatholique de Rome, sorte de réserve protégée de xixe siècle dans aujourd’hui,) il a voulu écrire: « Here lies one whose name was written on water / Ci-gît quelqu’un dont le nom fut écrit sur de l’eau. » D’une certaine façon, un être est un jeu passager de la lumière et du courant, ensuite il rejoint l’eau anonyme, ensuite se réalise le cher vœu keatsien, notre cher vœu commun : to fade away, to dissolve, s’effacer, s’évanouir.

Emily Dickinson : les majuscules les plus envoûtantes de son œuvre ne sont pas celles qui grandissent Dieu, la Crainte, l’Horizon ou même Nous. Mais celles qui élèvent en majesté le Rouge-Gorge, l’Abeille et même (et surtout) le Balai, les Miettes. On peut lire cette pratique comme signe d’une profonde pulsion à hypostasier les choses, les êtres, pour qu’il n’y ait plus finalement qu’un conflit d’essences, pour que le Monde possède une puissance comparable à celle de Dieu effroyable. Mais aussi, on peut croire qu’il s’agit pour elle d’atténuer la taille du poète (un I par principe majuscule), de l’égaliser avec tout le reste, d’amener l’autour à sa hauteur. Maintenant, « I » se promène dans les Allées du Jardin et butine d’égale à égale avec l’Abeille, maintenant elle possède les ailes du Rouge-gorge et son torse de Couchant. »

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