Monday, September 28, 2015

L e Saut à Paris


J’avais fait un « saut à Paris », comme il est dit dans La Cerisaie… La veille, je m’étais fait voler ma carte bleue et 2000 € en liquide que j’avais retiré pour mon logeur. J’étais un peu déstabilisé. Le spectacle Manuel de liberté s’était achevé dans de bonnes conditions. Gaël Baron m’avait dit qu’il y avait, pour lui, un mystère dans ce spectacle, le mystère-même du théâtre qu’il n’avait pas perçu depuis bien longtemps. C’est vrai, il y a souvent bien peu de mystère sur les scènes de théâtre et, là, c’est vrai, il y en avait. Je m’étonnais chaque soir de l’alchimie : rapprocher deux pièces comme Macbeth et La Cerisaie par ce dispositif de deux acteurs-orchestre créait un mystère… A Paris, je retrouvais la beauté de cette ville qui m’échappe bien souvent quand j’y vis. Je rencontrais mes amis un peu partout, c’était facile : c’est vrai, j’avais vécu à Paris, j’avais des amis. (Il m’en manquait à Lyon.) Le soir, j’étais parti pour une ballade en Vélib’ dans la lumière du sunset, peut-être voir le film Cemetery of Splendour… mais je m’arrêtais devant les Bouffes du Nord où je remarquais de l’animation. Les deux directeurs (Olivier et Olivier) étaient là et m’invitaient au nouveau spectacle de Peter Brook, Battlefield, d’après le Mahabharata. Je trépignais de joie ! et, dans la foulée, j’appelais Dominique Issermann qui se dépêchait de traverser Paris en taxi rapide pour me rejoindre. Elle arrivait à temps. On était bien placé. Dans la lumière magnifique du plus beau théâtre du monde. La lumière-chaleur humaine. Je conseille à tous les jeunes gens magnifiques (et je peux parler de beauté et de jeunesse sans que Jérôme Bel ne m’envoie une vidéo d’Hitler parlant à la jeunesse nazie !) d’aller prendre une leçon de théâtre auprès du maître en la matière, sa sagesse est profonde. Inouïe, même. Tout ce qu’on vous raconte autour, les faux prophètes, n’écoutez pas ! voici le vrai. Au débat après le spectacle, l’un des acteurs disait : « C’est exactement ce que vous imaginez, c’est exactement  ce que vous n’imaginez pas. » C’est une belle phrase pour désigner tout le mystère du théâtre. C’est pour cela qu’on en fait, vous et moi, acteurs et spectateurs dans le même bateau. Les Bouffes du Nord, la scène la plus vaste du monde et le théâtre du Point du jour sont dans mon cœur reliés. Les théâtres de la sagesse. C'est tout. Peu de mots — ou beaucoup — pour dire de très grands mystères. Ces rois qui vont mourir dans la forêt, atteindre la pénitence. « Par la pénitence, je veux perdre mon corps. » Les acteurs de Peter Brook sont calmes avec leur vie, calmes avec leur mémoire. Puisque Klaus Michael Grüber est mort, laissez-moi choisir, en maitre vivant, Peter Brook.

Tout prochain spectacle au théâtre du Point du jour : Les Entreprises tremblées, à partir de samedi jusqu’au samedi suivant, 20h. Entrée libre aux trois avant-premières, 5 € ensuite. Sans réservation. Adresse : 7, rue des Aqueducs, 69005 Lyon. Tél : 04 72 38 72 50. C'est à ne pas manquer !

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