L 'Opéra est un songe
Comme c’est agréable de parler avec des gens qui maîtrisent leur sujet ! Passé l’après-midi avec Agnès Terrier qui me parle d’opéra, d’opéra-comique et de choses très intéressantes déjà (en plus des perspectives de recherche) sur les rôles, les emplois, les opéras ou les opéras-comiques surtout. J’ai toujours rêvé la figure du dramaturge. J’ai toujours rêvé la figure du producteur aussi. Voyez, moi, avec un dramaturge et un producteur, ma vie est pleine. Les rôles étaient créés pour telle personne en particulier, ils n’existaient tout simplement pas s’il n’ y avait pas la bonne personne au bon moment capable de chanter et de jouer ce qu’on inventerait pour elle. Par exemple, le rôle de Don José dans Carmen, si difficile à pourvoir en ce moment — et qui paraît donc si difficile à chanter —, il ne l’était pas, difficile, pour le ténor qui a créé le rôle car sinon Bizet aurait remanié le rôle (jusqu’à sa mort, jusqu’à la trente-troisième représentation, il a continué d’améliorer son œuvre (et nul doute qu’il aurait continué encore…) Je ne dis que très peu, il faudrait que je relise mes notes, mais il y a des choses très intéressantes sur ces chanteurs ou chanteuses qui créaient un rôle — ou des rôles — bâtis sur mesure par des compositeurs, comme de la haute couture, sur la personne comme disait Coco Chanel (« Je fais mes robes sur les mannequins ») et qui ensuite, en abandonnant le rôle, en mourant, laissaient un répertoire que des générations de clones (comme dans La Possibilité d’une île) viennent perpétuer. Il me semble (rapidement dit) qu’au théâtre, la valeur vient du changement, qu’une grande comédienne (comme Madeleine Renaud) cherchera qu’on ne le reconnaisse pas, alors que dans l’opéra (surtout comique), on est ce que l’on est ; cela vient, je crois, que la voix chantée est si intime qu’on ne peut jamais la séparer de la personne, de l’emploi ; il n’y a pas de contre-emploi. Ça m'intéresse beaucoup.
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