Thursday, March 24, 2016

Salut Yves-Noël, Excuse-moi, je me rends compte que je n'ai pas pris le temps de t'envoyer des choses. En fait, j'ai aussi réfléchi et autant je pense que je touche un peu en opéra, autant il y a beaucoup de pièces pour voix que je ne connais pas côté récital. Ce que je te propose, c'est de te mettre en contact avec quelqu'un qui pourra t'orienter bien mieux que moi dans ce dédale. Je m'occupe aussi d'avancer côté Adam et Eve. Ça pourrait aller plus vite que prévu et j'ai une peut-être une idée musicale en tête mais je ne suis pas encore sûr. Je reviens vers toi très vite. Dis-moi tout ce qui te passe par la tête aussi ! Bises

Oui, je suis en Espagne. Ce qui me passe par la tête est la difficulté de trouver des interprètes. On m'a appris qu'à l'opéra comique, les rôles (comme celui de Don José, par exemple) étaient créés sur mesure (comme de la haute couture) sur les interprètes et que c'est pour ça qu'il pouvait arriver ensuite qu'on ne puisse plus les jouer (Don José n'était pas difficile pour l'interprète de la création sinon Bizet l'aurait rectifié…)

Eh oui, mais ça... on verra ! Et si rien n'était possible, alors rien n'aurait jamais été créé !

Ça m'intéresse beaucoup ce travail des compositeurs sur les interprètes parce que c'est ce que je fais moi-même, de la haute couture (je ne demande jamais — et quand ça m'est arrivé, ça a foiré — aux interprètes de faire autre chose que ce qu'ils savent faire). Il faut trouver des interprètes intéressants et ensuite un compositeur qui pourrait les habiller (en utilisant strictement et en faisant briller leur caractéristiques vocaux et physiques). Quand je dis que je ne demande jamais, je veux dire plutôt que j'interdis aux interprètes de faire autre chose que ce qu'ils savent déjà faire. Je le leur interdis, tu comprends ?

Je comprends très bien. J'en ai parlé avec Antoine Thiollier qui m'a expliqué aussi. C'est très bien comme ça ! Je fais un copié-collé de tes quelques lignes parce que c'est beau clair et précieux. Ce sera utile à transmettre au compositeur justement, à la fois parce que c'est une marque de respect pour le travail de composition, un parti pris dramatique affirmé, et déjà une manière de collaborer ensemble.


Good. Alors, il faut foncer. Que tu me fasses connaître des interprètes, même les plus prestigieux (que je commence à les comprendre, à les « entendre ») et, évidemment, si on pouvait tomber sur un Gérard Depardieu jeune du chant lyrique ! (jeune, c'est-à-dire encore disponible). Tiens, je viens de lire ce que dit Claude Régy de Gérard Depardieu (c'est pour ça que je le prends comme exemple) : « Je l'ai trouvé complètement extraordinaire, doué d’une manière, je dirais, anormale, et à partir de là on a beaucoup travaillé. » C'est cela que nous devons rencontrer : des interprètes doués d'une manière anormale. Je crois qu'il ne peut pas y avoir de création différemment. Ou alors on travaille avec n'importe qui et tout le monde, mais c'est autre chose qui peut être très beau aussi. C'était le projet de Philippe Katerine qu'on avait commencé à envisager pour un travail aux Bouffes, mais ç'aurait été plus son affaire, il voulait travailler pendant un an avec des amateurs et ç'aurait été autour de lui...

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