Friday, September 30, 2016

Cher Yves-Noël Genod, 
il parait que vous ne parlez que de l'amour et de la vie dans vos spectacles. 
En ce moment, je me rends compte que je ne me baigne que dans le même fleuve. Je comprends bien pourquoi je le fais, mais je n'arrive pas à prendre la serviette pour sortir de ce fleuve. Si vous pouviez m'aider à ne rien comprendre, ce serait drôlement sympathique de votre part. Si vous pouviez me parler de la splendeur, de l'amour, de la vie, des gens, ça m'aiderait bien aussi. 
J'ai fait l'école du TNB. J'en suis sortie, il y a à peine un an. 
La toute première fois que j'ai entendu parler de vous c'était sur LOVE, spectacle sur lequel on avait travaillé avec Loïc Touzé quand j'étais à l'école. Loïc nous avait raconté qu'il avait fallu repeindre la salle Parigot après votre passage. Je trouvais ça plutôt luxueux pour le coup. J'imaginais  un homme qui sautait dans tous les sens pour écrire des mots d'amour sur le mur. Enfin je crois que c'est ça qu'il avait dit. Mais peut-être me suis-je imaginée un mythe ? 
Pourquoi des mots d’amour ? Parce que ça s'appelle LOVE.
J'ai fait de la danse pendant de longues années, mais je m'ennuyais tout le temps. Je ne comprenais pas à quoi il fallait penser quand on dansait. Depuis quelques temps j'y reprends du plaisir comme un truc essentiel qu'on oublie pas. 
Voilà, c'est ça, c'est l'essence même du désir que je cherche. 
Je suis sûre que c'est lumineux, splendide, éclairant quand on le trouve. 
Comme vous citez bien des choses, moi aussi je cite Rilke.
« Et nous sommes comme des fruits. Nous pendons haut à des branches étrangement tortueuses et nous endurons bien des vents. Ce qui est à nous, c'est notre maturité, notre douceur et notre beauté. Mais la force pour ça coule dans un seul tronc depuis une racine qui s'est propagée jusqu'à couvrir des mondes en nous tous. »
Bien. 
Maintenant vous me direz. 
J'aimerais participer à ce stage luxueux, de rien, de luxe, de sourire. 
Mais vous me direz. 
Bien à vous, 
Leslie Bernard

Ah ben, ce serait super ! J’adore votre lettre. Je ne savais pas pour la salle Parigot, on écrivait à la craie… mais j’adore les légendes ! Oui, faut qu’on voit un peu sur quoi on pourrait travailler. Si vous avez des idées, vous me dites… En cinq jours on peut faire un spectacle…
YN

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