Wednesday, October 19, 2016

N ote d'intention BC


La Beauté contemporaine, il s’agit d’abord d’une installation (lumineuse et scénographique). Un espace. Tous mes spectacles sont des « poèmes du lieu ». En l’occurence, ici, ce lieu très particulier — un ancien garage vaste et bas de plafond, aux murs blancs et au sol de béton — de la Ménagerie de Verre, dans le onzième arrondissement de Paris. J’ai déjà donné beaucoup de spectacles dans ce lieu, à commencer par celui intitulé Le Dispariteur qui plongeait les spectateurs dans le noir total (2005, repris en 2006). A chaque spectacle, il s’agit d’explorer un territoire fugitif, d’une manière la plus insouciante possible, qui est celui de la perception. Sans fabriquer quoi que ce soit d’autre sinon de l’attention. Il s’agit de regarder ensemble.

Pessimisme ambiant. Rien ne va plus. On connaît la chanson — et, moi-même, artiste romantique, je ne suis pas le dernier à l’entonner... Pourtant, le 2 juillet dernier, après avoir donné une performance à l’école des Beaux-arts de Paris j’ai, pendant cette fête de fin d’année, en plein air, déguisée, très largement arrosée d’alcool, certes, organisée par les étudiants, revival du bal des Quat’z’Arts, j’ai eu l’intuition — c’est ce soir-là que ce projet est né — d’une présence incroyablement « optimiste » de cette génération d’une grande beauté, liberté, insouciance, intelligence… que je ne reconnaissais pas, un peu comme la rencontre d’un rêve nervalien (Aurélia) doux et presque extraterrestre.

Tout de suite, ça s’est appelé La Beauté contemporaine. Tout de suite, Marie-Thérèse Allier, la directrice de la Ménagerie de Verre, a été enthousiaste. Elle aussi a l’intuition d’une nouveauté dans cette génération des vingt ans : « Ils sont géniaux, pas du tout patauds comme avant… » Bien entendu, un tel projet — obtenir la photographie d’une génération — demanderait trois ans de travail, au fond, réellement, beaucoup de rencontres. Mais le genre de la maison, la mienne et celle de Marie-Thérèse Allier, c'est de faire les choses très vite, sans se poser trop de questions, à l’instinct, à l’intuition. Aller vite. Alors nous le programmons pour le mois de mars 2017, en ouverture du festival Etrange Cargo. Les 14, 15, 16 mars 2017. (Plus quelques avant-premières.)

L’idée est de réunir un grand nombre de ces gens de cette génération des vingt ans et de les regarder être vivants, sans comprendre, sans savoir, comme d’une manière d’entomologiste amateur : ne pas y toucher, le moins possible, pour vérifier cet avenir plein d’espoir, cet avenir qui n’est pas nous, pas notre monde, mais qui viendra, pour vérifier cette intuition que cette génération n’est pas du tout la sempiternelle « génération perdue » romantique, mais bien tout le contraire : personnellement, je ne sais pas quoi… Il faut rencontrer beaucoup de gens de cette « beauté contemporaine », une foule, c’est une foule, une fête, c’est une fête. C’est une réunion secrète, protégée, underground, en public parce que nous savons amadouer le public pour qu’il soit aussi celui qui perçoit, celui qui aime, celui qui ne sait pas, ne sait plus. Nous savons, parfois, mettre en rapport le public avec un paradis pas si perdu,

Yves-Noël Genod, 18 octobre 2016

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home