Wednesday, March 15, 2017

T out autour du monde


Ce soir, il y avait un peu moins de monde (tout le monde a pu entrer et on n’était pas serré, c’est un mystère, la Ménagerie, parfois, c’est impossible et d’autres fois, si) et peut-être était-ce pour cette raison, la représentation me semblait un cadeau personnel : j’admirais la beauté de (certes) mon propre travail, mais je la regardais comme on regarde le printemps, la mer, une femme, des amis, la montagne, la vie, la poésie, le printemps à Paris ou à Tokyo et je me disais — j’étais fier, mais ça ne concerne que moi — que c’était vraiment l’un de mes plus beaux spectacles, peut-être le plus miraculeux, le plus bouleversant : tous ces jeunes gens qui ne se connaissaient pas et qui forment maintenant — en quelques jours — une troupe inaliénable, inventée, cela, excusez-moi de le dire aussi bêtement, avec pathos, me redonne foi en l’humanité (en l’animalité, etc., disons en l’esprit), nous avons, une fois encore, réussi à créer une île à la Ménagerie de Verre, la violence des élections, des expulsions, nous avons créé une île, et dans ma rue, en rentrant, dorment les réfugiés, tous ensemble dans un grand lit improvisé, parfois l’un a les yeux ouverts, je croise son regard, ils dorment comme des enfants dans un film de Federico Fellini, ils ont moins froid, c’est le printemps à Paris, si le monde n’était pas ce qu’il est (élections, expulsions), nous partirions en tournée tout autour du monde avec un spectacle pareil…  

« Le souffle de la pensée ne se manifeste pas dans le savoir, mais dans la capacité de distinguer le bien du mal, la beauté de la laideur. » (Hannah Arendt.)

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