A propos des Ruches
« L’inclassable Yves-Noël Genod, grand poète rêveur, échalas présent-absent, jamais très loin de ses objets connectés, erre avec grâce. Il joue les entremetteurs, mêle le vrai et le faux, et s’inquiète des Présidentielles. Son alvéole où il propose de « se mettre à nu au sens propre et figuré », brode sur les puissants mots d’Hélène Bessette : « Rien n’est beau. Rien n’est gai. Rien n’est propre. Rien n’est riche. Rien n’est clair. Rien n’est agréable. Rien ne sent bon. Rien n’est joli. » Une méthode dépouillée qui bouscule. Les stagiaires, laissés face à une vacuité lourde de promesses, se jettent dans le vide : il s’agit de saisir le « kaïros », ce temps béni de l’instant présent, de l’occasion, l’amour du destin : « amor fati », comme Nietzsche le nomme délicieusement.
Yves-Noël Genod cite avec gourmandise Marcel Proust qui « écrit chien », c’est-à-dire qui privilégie l’instinct au mental. Sur le plateau, naissent ainsi des moments vertigineux de vérité, de grâce, avec des tranches de réel. Résultat : un ballet décousu, impudique et inégal mais avec des pépites. Travailler ainsi, nous dit-il, c’est comprendre que « s’organiser véritablement, n’a jamais été autre chose que s’aimer ».
Un beau résultat, resserré et efficace comme du théâtre d’agit-prop comme celui du fameux groupe Octobre dont faisaient partie Roger Blin, Jacques et Pierre Prévert, Jean-Louis Barrault… A Montbéliard dans les années 70, il existait justement un des ses avatars : le Théâtre des Habitants, qui œuvrait devant les usines Sochaux. L’après-midi, dans une veine assez proche, une autre alvéole propose de transmettre les règles du théâtre de rue, pratique militante et farcesque, à mains nues. »
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