L e Cheval blanc
Je m’endormais avec un cheval blanc. On m’avait dit que j’étais animal. On avait ajouté. Ce n’est pas péjoratif. Je n’avais rien dit. C’était ce qui pouvait me faire le plus plaisir. Et c’était vrai. Sans imiter personne, en scène, ce soir, j’avais été animal. Quelle fatigue. Eric Vautrin avait dit : « En fait, ça marcherait pas si tu étais virtuose ». Et la femme, plus tard, celle qui avait dit que j’étais animal, ou l’autre peut-être, Ariane ou Sophie, avait immédiatement compris ce qu’il avait voulu dire : « Ce serait un spectacle, alors que, là, c’est une expérience sensible. » Ces deux femmes étaient belles. J’avais pris leurs coordonnées. Elles ne demandaient rien. Elles étaient actrices pourtant. Eric m’avait dit (j’avais attrapé au vol ce que j’avais pu) : « En fait, tu sautes dans le vide ». « C’est en rapport avec cette masse noire de l’écriture dont tu parles. » « Il y a (tu as) une sorte de savoir ancestral du théâtre à l’œuvre, savant même quelque part, mais au service d’une incertitude. Pas au service de quelque chose qui ramène à toi, mais, à l’inverse, ça ne fait qu’agrandir l’abîme. Ça te vide au sens de : ça te fait pantin, une sorte de figure creuse. Des choses un peu idiotes, des choses un peu mondaines, tu deviens un écran et pas une entité stable qu’on serait là pour l’acclamer, tu nous interdis ça et, parce que tu nous l’interdis, tu nous permets d’entrer dans le spectacle. » Aussi La Ribot était là. Elle était venue dans ma loge. J'étais sous la douche à l'étage. Elle m'avait laissé un gros cœur.
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